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Meeting du HCI: les preuves d’une politisation

L’intrusion du temporel dans le spirituel, avec l’appel à la mobilisation de certains Partis politiques d’obédience oppositionnelle, en général, vide en partie de sa substance le meeting du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI) organisé à priori pour prier pour la paix au Mali.

Comme attendu, les grandes figures de l’opposition au régime du Président Ibrahim Boubacar KEITA ont fait une présence remarquée à ce meeting organisé sur fond d’intrigues politico-religieuses. Il s’agit de Soumaïla CISSE, président de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), chef de file de l’Opposition ; Tiébilé DRAME, Président du Parti pour la Renaissance nationale (PARENA), Directeur de campagne du candidat Soumaïla CISSE ; Cheick Mountaga TALL, Oumar MARIKO ; le Dr Choguel Kokalla MAIGA, Président pour Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR) ; Ras Bath, représentant une aile du Collectif pour la Défense de la République (CDR) ; Jeamille BITTAR devenu un hybride politique.
L’Association Kaoural, qui avait soutenu la candidature de Soumaïla CISSE, en verve et en veine dans son appel à ses militants à prendre part, prédit la fin du régime IBK dont le fameux meeting d’hier est un présage.
L’ancien Premier ministre Moussa MARA, habitué à arpenter les travées des mosquées et des églises était en déplacement hors du pays, selon nos sources.
L’engouement des politiques est constant, tout comme les desseins obscurs. En effet, pour le meeting du 23 décembre 2018, le Président du HCI avait expliqué qu’il s’agissait d’une « journée d’interpellation et de vérité ». Suite à l’abandon du Projet controversé, il est allé à la rencontre des sympathisants, au Palais de la Culture, pour déclarer : « je suis venu vous remercier de votre patriotisme. Je vous prie de rentrer chez vous sans casser quoi que ce soit ni brûler quelque chose sur les voies publiques. (…) Je ne serai pas à l’origine de tension dans mon pays. J’ai toujours renoncé à chaque fois que les gens pensent que je serai à l’origine d’un problème dans ce pays. Je ne suis pas l’ennemi de ce pays ».
Mohamed Ali BATHILY, en manque de tribune pour ressasser son acrimonie, pointe présent et fustige le Gouvernement dont il a été débarqué sans ménagement, utilise des mots durs pour dénoncer le Projet pourtant abandonné du manuel scolaire qui aborde la question de l’homosexualité.
Dans un communiqué du FSD sur le Projet gouvernemental ‘’d’éducation sexuelle complète’’, daté du 20 décembre 2018 (juste avant le grand meeting d’information sur le projet contesté d’éducation sexuelle complète à l’école du 23 décembre 2018, finalement annulé suite à l’annulation par le Gouvernement de l’adoption d’un manuel sur l’éducation sexuelle) déclare :‘’le Front pour la sauvegarde félicite le Président du Haut Conseil Islamique et les cadres maliens dont la vigilance a permis de révéler au grand jour le projet que le Gouvernement concoctait en catimini pour introduire dans la formation d’enfants innocents, à l’insu des Maliens, des pratiques contraires aux valeurs culturelles et religieuses de notre pays. (…) Il assure les opposants à ce projet de sa solidarité et de son soutien’’.
De son côté également, « la CoFoP condamne avec la dernière énergie ce projet, qui est une émanation étrangère, qui nie notre responsabilité quant à l’éducation que nous devons de donner à nos enfants en toute souveraineté tenant compte de nos valeurs culturelles positives et de la pertinence du contexte sociopolitique de l’heure ».
Au-delà de la présence au meeting d’hier, à l’instar de celui du 23 décembre, de figures de proue de l’Opposition qui contestent la réélection du locataire de Koulouba, les propos tenus à l’occasion ont fini par lever toute équivoque quant à sa politisation. Des messages du genre ‘’IBK dégage’’ ne devraient avoir aucune place dans un meeting organisé pour la paix et la stabilité du Mali. Acte d’éléments incontrôlé ? Difficile à dire, puisque le président de Kaoural, dans son message, a annoncé la fin du régime IBK et que l’Imam DICKO, lui-même, au cours de précédentes interventions avait ouvert la voie à la sédition. Dans une interview accordée à la Radio Nyèta, à ce rappel de l’intervieweur ‘’le ministre est sorti pour dire que le Président a dit qu’il n’était pas au courant de cette initiative, qu’il est un croyant et qu’il salue cette alerte de la part des musulmans’’, il a réagi : ‘’les musulmans doivent-ils rester les bras croisés, afin que ce Président passe une nuit de plus à Koulouba ?’’
Dès lors, la connexion est établie entre le leader religieux qui (échaudé par son ‘’apologie du terrorisme’’ après l’attaque du Radisson Blue Hôtel qui a fait plus d’une vingtaine de morts) use de la forme interrogative pour appeler à renverser le pouvoir et un Chef de file de l’Opposition qui continue à revendiquer sa victoire à l’élection présidentielle.
In fine, il faut dire que ce 10 février 2019, annoncé en fanfare comme jour de prière pour la paix et la stabilité au Mali restera gravé dans les annales comme celui des discours, avec très peu de place à la prière tant souhaitée des Maliens.

PAR BERTIN DAKOUO

Info-matin

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