Quelque 49 migrants, dont des enfants en bas âge, sont toujours bloqués à bord de deux navires d’ONG allemandes, près des côtes maltaises, ont entamé leur deuxième semaine en Méditerranée pour certains, troisième semaine pour d’autres, sans qu’aucune solution ne soit encore en vue. Lors de la traditionnelle prière de l’angelus ce dimanche, le pape François a lancé un «appel pressant» à la solidarité européenne.
« J’adresse un appel pressant aux dirigeants européens afin qu’ils fassent preuve de solidarité concrète à l’égard de ces personnes », a lancé le pape François devant les fidèles rassemblés place Saint-Pierre.
Les migrants sont originaires pour la plupart du Nigeria, de Libye et de Côte d’Ivoire. Sur les deux bateaux, les conditions sanitaires se détériorent, sans compter la météo qui rend la vie à bord des navires compliquée. Vendredi, Malte avait laissé les navires s’approcher de ses côtes pour se mettre à l’abri du mauvais temps, mais sans les laisser accoster.
Les deux bateaux sont affrétés par les ONG allemandes Sea-Watch et Sea-Eye. « La situation est toujours la même », confirmait samedi à l’Agence France Presse une porte-parole de Sea-Watch. Le Sea-Watch 3, l’un des deux bateaux, a à son bord 32 migrants secourus le 22 décembre au large de la Libye. Parmi eux trois enfants de un, six et sept ans et trois adolescents. L’autre bateau, de l’association Sea-Eye, accueille lui 17 passagers.
Carlotta Weibl de l’ONG Sea Eye, qui a accueilli ces 17 migrants à bord de son navire, confie à RFI que la situation est tendue.
« La situation est évidemment tendue. Nous avons encore assez de nourriture à bord, mais nous avons dû commencer à rationner les boissons. C’est difficile. Les 17 personnes que nous avons accueillies à bord sont originaires du Mali, du Nigeria et il y en a aussi de la Somalie, je pense. Il s’agit de 16 hommes et d’une femme – parmi les hommes, deux n’ont que 17 ans et sont donc encore mineurs », explique-t-elle.
« Le plus important dans un premier temps est pour nous que l’on nous laisse enfin accoster quelque part et que ces personnes puissent quitter le navire. Nous espérons que les pays de l’Union européenne se répartissent ces migrants et qu’ils se mettent enfin d’accord pour une solution à long terme pour que les passagers ne doivent pas à chaque fois attendre si longtemps à bord », souligne Carlotta Weibl.
Blocage européen
Malte refuse toujours ce dimanche, comme l’Italie, de les autoriser à accoster, rapporte encore l’Agence France presse. Cette crise a cependant provoqué des tensions au sein de la coalition au pouvoir à Rome. Le vice-Premier ministre Luigi Di Maio (Mouvement Cinq étoiles) s’est dit prêt à accueillir les dix femmes et les enfants se trouvant à bord de ces navires, une perspective aussitôt rejetée par l’autre vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, qui refuse de « céder au chantage ».
Les Pays-Bas et l’Allemagne ont indiqué être disposés à les accueillir, mais à condition que cette opération se fasse dans un cadre européen. A La Haye et Berlin on insiste : l’accueil des personnes secourues en Méditerranée doit être de la responsabilité de TOUS les pays de l’Union.
Dans le cas concret des 49 migrants, la Commission européenne est en charge de la coordination. Elle doit leur trouver un port de débarquement. Mais aucun pays de l’Union disposant une frontière maritime ne s’est encore proposé. A quelques mois des élections européennes et la crainte d’une montée du populisme et de l’extrême droite, la paralysie semble totale.
Plusieurs ONG ont qualifié vendredi sur Twitter l’attitude de blocage de l’Union européenneface à ces migrants de «record de la honte». «Cela fait maintenant 14 jours qu’ils sont laissés à l’abandon en mer. Un nouveau record de la honte», affirmait sur Twitter un collectif d’associations humanitaires et de défense des droits de l’homme.
« Bien sûr, je comprends que surtout l’Italie mais aussi Malte disent qu’ils ont, pendant des années, accueilli beaucoup de migrants chez eux. C’est compréhensible. Mais ce sont simplement les ports les plus proches et nous espérons que l’un des pays décide enfin d’ouvrir son port pour éviter que nous devions encore naviguer une semaine pour aller jusqu’en Espagne. Nous comptons sur les autres Etats membres de l’Union européenne, ils doivent soutenir l’Italie et Malte, au lieu de les laisser faire seul le travail », estime Carlotta Weibl, de l’ONG Sea Eye.
Plusieurs villes ont proposé de les accueillir, comme Naples en Italie.
RFI