La libération de Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir a été ordonnée il y a 19 mois, mais il est toujours détenu en cellule d’isolement
Le chef de l’État mauritanien devrait, à l’occasion de ses derniers jours au pouvoir, assurer la remise immédiate en liberté de Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir, qui est demeuré en détention depuis qu’un tribunal a ordonné sa libération en novembre 2017, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et 11 autres organisations non gouvernementales, dans une lettre adressée au président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Un tribunal avait initialement condamné Mkhaitir à mort pour blasphème, à cause d’un article dans lequel il dénonçait ce qu’il considérait comme une utilisation détournée de l’Islam pour justifier des discriminations de castes en Mauritanie. En 2017, une cour d’appel avait réduit sa condamnation à une amende et deux ans de prison, peine qu’il avait déjà purgée au moment de cette décision.
« Personne ne devrait être jeté en prison pour le seul fait d’avoir exprimé une opinion, aussi controversée qu’elle puisse être, ni maintenu un seul jour en prison sans motif légal », a déclaré Lama Fakih, directrice par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Le président Abdel Aziz devrait profiter de ses derniers jours à la tête de l’État pour corriger une grave injustice survenue pendant son mandat et libérer Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir. »
Les autorités avaient arrêté Mkhaitir en janvier 2014, quelques jours après qu’il eut publié son article en ligne. Au lieu de le remettre en liberté lorsque la cour d’appel avait réduit sa peine en 2017, les autorités ont placé Mkhaitir en cellule d’isolement. Ses avocats se sont vu dénier l’autorisation de lui rendre visite, bien qu’il reçoive très occasionnellement des visites d’autres personnes.
Sa famille affirme qu’il souffre de douleurs physiques, de traumatisme psychologique et d’un glaucome qui pourrait le rendre aveugle si les autorités continuent de l’empêcher d’avoir accès à des soins médicaux appropriés.
Abdel Aziz est arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2008 et a ensuite été élu président en 2009, puis réélu en 2014. Il n’est pas candidat à la prochaine élection présidentielle prévue pour le 22 juin, avec un possible second tour le 6 juillet, et son mandat doit prendre fin le 1er août.
Source: hrw