La transition doit être un moment d’écoute, de prise en compte de la voix de tous les Maliens, surtout des populations des zones rurales, qui vivent les affres de l’insécurité. Elle ne doit pas se limiter aux rencontres à Bamako où tout se décide.
Le souci au Mali, c’est que tout le monde n’est pas écouté. On dit officiellement que les Maliens ont les mêmes droits, que la voix de tout le monde compte. Mais la réalité est différente.
Quand il s’agit de prise de décision, de se faire entendre, tout se passe à Bamako. Les représentants de l’État qui sont dans les zones reculées n’arrivent pas à faire remonter fidèlement les doléances et propositions des populations qu’ils représentent. On assiste donc à un mutisme involontaire. Les populations des zones rurales ne sont pas écoutées alors que leurs voix comptent.
Des idées pour le changement
« Ici dans les régions du Centre, nous avons des idées qui peuvent apporter le changement. Mais le problème est qu’au Mali, si tu n’es pas député, ministre ou directeur, personne ne t’écoute », déplore cet habitant de Mopti. Il poursuit en expliquant que les députés qui sont censés faire résonner leur voix ne le font pas : « Tout ce qui compte pour eux, c’est leur mandat de député avec les avantages qui vont avec.»
Dans beaucoup de zones rurales, le constat est ahurissant. On trouve encore des villages qui vivent dans une précarité incroyable. Pas de centre de santé, pas d’eau potable encore moins d’électricité. Certains n’ont pas d’écoles ou manquent de personnel. A cette situation, vient s’ajouter la fermeture des écoles sous la menace de groupes armés qui contrôlent une grandes partie des régions du Nord et du Centre du pays.
Il y a une année de cela, plus de 800 écoles étaient déclarées fermées dans le Centre à cause de la menace djihadiste, privant ainsi plus de 149 000 élèves de leur droit à l’éducation. « Les populations des zones rurales, celles du Centre surtout, n’arrêtent pas de crier à l’aide. Mais personne ne les écoute. Elles sont délaissées. La transition est le moment de faire savoir que la voix de tout un chacun compte », fait remarquer Adama Cissé, enseignant basé dans la région.
Ecouter toutes les couches du Mali
Selon un autre habitant de la région, le Dialogue national inclusif (DNI) a été une mascarade. Tout le monde n’a pas eu droit à la parole. « Je me suis rendu à Mopti pour participer à ce dialogue, mais je n’ai pas pu. On ne m’a pas permis sous prétexte que je n’étais pas convié. Cela m’a beaucoup vexé», regrette-t-il.
La transition doit être un moment d’écoute de toutes les couches du Mali : paysans, forgerons, griots, commerçants, chefs de village, notables, autorités religieuses, etc. Il faut prioriser la voix des personnes vivant dans les zones rurales, car elles sont plus affectées par la situation sécuritaire. C’est ainsi que l’inclusion sera réelle. Tout ne doit pas se décider à Bamako.
Source : BENBERE