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Marche du 8 juin de l’opposition: « le vendredi noir » promis par Soumi n’a pas eu lieu

De milliers de personnes ont battu le pavé à Bamako, le samedi dernier, sur initiative de la Coalition pour l’alternance et le changement. Ils ont marché pour exiger des élections transparentes, crédibles et la libération de l’ORTM, la chaine nationale.

Après la médiation menée par la communauté internationale, à travers le chef de la MINUSMA, la marche de l’opposition a été finalement autorisée par le gouvernement. Mieux, elle a été sécurisée par les forces de sécurité nationales. C’est coude à coude que des responsables de l’opposition tels Soumaila CISSE, Modibo KONE, Dramane DEMBELE, Mamadou Igor DIARRA, Tiébilé DRAME, Amadou THIAM, BATHILY fils et père guidaient les marcheurs. Ils étaient des milliers de marcheurs à braver le soleil, malgré le ramadan, pour participer à la manifestation.
Ils ont marché de la Place de la liberté à l’esplanade de la bourse du travail en passant par la Place de l’OMVS et le monument de l’Indépendant. Durant le trajet, les marcheurs tenant le drapeau national brandissaient des messages hostiles au régime : « Vive la démocratie ! », « Abas la dictature », « Non à la répression de la manifestation », « on veut des élections transparentes et crédibles », « Nous voulons une télévision indépendante »… d’autres scandaient des propos visant directement le président de la république : « Boua b’a bla » (IBK va laisser le pouvoir), « Libérez l’ORTM », « IBK va laisser le pouvoir au profit du père de quelqu’un », « IBK a succédé des présidents. Il sera remplacé aussi par quelqu’un d’autre », « Ils ne vont pas tripatouiller pour se maintenir au pouvoir », « Nous voulons le changement » !
Très furieux de la gestion du régime, Amadou KANTE, un manifestant, estime que cette mobilisation doit être un signe avant-coureur pour le président IBK et ses alliés. Tenant en main un petit bidon d’eau pour se déshydrater de temps en autre, M. KANTE juge très mauvais le bilan du président sortant.
« À la fin de son mandat, IBK est très en deçà des attentes du peuple qui l’a élu majoritairement. Ce qui fait mal, il ne nous donne pas l’espoir qu’il pourra changer les choses. Je constate que de plus en plus, la situation se dégrade. La pauvreté s’enracine. L’insécurité se généralise », a déclaré M. KANTE couvert de sueur. C’est pour ces raisons qu’il a décidé de marcher pour appeler les électeurs à faire un vote sanction contre IBK, a-t-il justifié.
Mohamed Youssouf BATHILY dit Ras Bath, l’une des vedettes de la journée enfonce le clou au milieu de ses protecteurs : « La marche d’aujourd’hui (ndlr vendredi 8 juin) est le signe d’un vent nouveau du changement. C’est une marche héroïque, une marche de victoire et de gloire. C’est une marche de dignité et d’honneur. C’est une marche des patriotes, des républicains pour dénoncer les fascistes, les nazis. C’est une marche pour dénoncer les brigands électoraux pour dénoncer ceux qui veulent prendre en otage la démocratie, la conscience du peuple, à travers un système de fraude, de vol et d’exclusion ».
Également pour le leader du Collectif pour la défense de la république (CDR), la manifestation témoigne la détermination des Maliens à vivre dans la dignité plutôt que de se résigner dans le déshonore. À IBK et à Soumeylou Boubèye MAIGA, il rappelle que leur régime ne leur fera pas reculer.
« Nous irons jusqu’au bout de la lutte », a-t-il déclaré. Sans faire l’impasse sur la répression de la marche du 2 juin dernier, Ras Bath l’a qualifié de « la répression de la honte ». Selon lui, c’était pathétique et lamentable de la part du gouvernement dirigé par SBM sous la coupe du président IBK.
Après une trentaine de minutes de marche, les manifestants, estimés au plus à 8 mille personnes, selon la police, à l’esplanade de la Bourse de travail à l’unisson, ont chanté l’hymne national du Mali. Contrairement aux regroupements précédents de l’opposition, celui n’a pas été sanctionné par aucune déclaration.
« Je pense que les deux parties (le gouvernement et l’opposition) ont voulu jouer à l’apaisement. Chaque partie a fait des concessions au représentant de la MINUSMA. J’estime que c’est pour cette raison que l’opposition a évité ses grandes déclarations qui souvent ne participent pas à l’apaisement de la situation », a analysé un observateur politique présent à la marche.

Par Sikou BAH

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