Comme tout guide qui se respecte et qui veut être respecté par les autres, il veut que tout le monde obéisse à sa volonté telle la prière à la mosquée où les fidèles exécutent les mêmes mouvements que l’iman. Mais l’iman devrait se dire que la politique n’est la religion où tout est strict et monotone.
Mahmoud Dicko est définitivement engagé sur la voie politique au détriment du sentier de la pénitence et de repentance. Ce vendredi 5 avril est sa troisième sortie en trois mois pour tenir tête au régime en place dont il avait des fibres encore fraiche avec lui.
Amis hier, alliés de circonstance pendant des moments mais aujourd’hui presqu’ennemis, l’épisode Mahamoud Dicko, IBK et M’Bouillé continue sa fulgurance. L’amitié entre les trois ténors est une vérité certaine et connue de tous. Dicko lui-même l’a affirmé au micro de nos confrères : « IBK est mon ami, on a fait beaucoup de choses ensemble et il m’a accordé beaucoup de biens ». En 2013, il a aidé IBK à arracher le fauteuil de Koulouba à ses adversaires. Il avait appelé la communauté musulmane à voter en faveur du candidat IBK. A cette époque, ni lui, ni les religieux ni le peuple ne se doutaient de quoi que ce soit sur la qualité de la gouvernance qu’offrirait IBK durant son premier mandat, ni sur les éventuelles compétences ou incompétences de celui-là à pallier les grands problèmes de la nation.
Pour lui, à cette époque, le plus important était qu’il dribble les autres candidats et arrive aux affaires. Le reste ils s’en occuperont plus tard. Mais tout est déjà trop tard dès son élection et son installation aux affaires. L’ami d’hier a moins de temps et de considérations pour son ancien allié (IBK n’a que faire des conseils, des orientations ou le respect des promesses de Dicko. Son compte est déjà bon).
La problématique est de même nature avec M’Bouillé aussi. Seulement ce dernier avait monté les enchères lors de son alliance avec IBK. Lui, avait même interdit l’entrée au paradis à quiconque de ses adeptes qui ne voterait pas pour IBK en 2013. Après la victoire de l’actuel président, l’heure était à la réjouissance et au confort psychologique et spirituel : « J’ai fait élire [IBK] et je veux qu’il reste président ». Le temps avait défait l’alliance car celle-ci avait été scellée sur une promesse : « Mais, je lui avais interdit de nommer Soumeylou Boubeye Maïga à certains postes ».
Malheureusement pour lui, IBK n’a pas obéi à ses diktats. M’Bouillé n’a pas tenu compte des conditions susceptibles de faire changer les réalités des choses dans un pays qui depuis cette époque jusqu’à présent du Mali saigne. Cette réalité fait que les désirs d’une seule personne ne peuvent pas être les désirs de tous les Maliens. D’où la guerre de Mouhamedou Ould Cheichna dit M’Bouillé pour se faire respecter par IBK.
« Quand on est aux commandes d’un avion, les intimidations d’un seul passager ne peut pas troubler sa tranquillité », telle est la description qui se dégage du comportement d’IBK vis-à-vis des tapages du Chérif et de Dicko.
Le challenger de Chérif de Nioro est de nature sacro-saint. En effet, si IBK reste au pouvoir durant tout le mandat, le Chérif de Nioro sera discrédité vis-à-vis des Maliens et particulièrement ses acolytes. On va douter de lui et de son caractère sacré. Il aura la même considération que le citoyen lambda. Ils se disent probablement de mettre tout en œuvre pour régler leur compte au su et au vu de tous les Maliens surtout qu’ils ont dans leur mentalité l’aide de Dieu. Dieu n’est pour personne et est pour tous.
Terrassons-les vite !
Après deux sorties massives et robustes, une troisième aura lieu cet après-midi. Comme dans les Fables de la Fontaine, les deux guides religieux comptent sur cette troisième chance pour faire tomber le taureau (IBK) de Sébénikoro et son chien berger, le Tigre de Badalabougou (SBM). Mais paradoxalement comme dans le premier cas de figure, les deux guides religieux ont chacun leur agenda personnel. Donc ils luttent ensemble mais pas pour le même objectif.
Plusieurs organisations et formations politiques telles le PDES, la Cofop, le CDR, le FSD, l’AEEM et d’autres corporations seront tous à la marche de ce 5 avril 2019. Les batteries des uns et des autres sont déjà chargées pour cet exercice sportif. Mais tous les leaders religieux ne sont pas du même avis ni de la même direction. Certains ont préféré choisir la direction contraire du vent pour sauver intelligemment leurs intérêts et hectares de terres offerts.
Cavalier seul
Lors de la première manifestation au Palais de la culture, le guide spirituel Ousmane Haïdara n’a pas été vu. Par contre, lors de celle du 26 mars, un de ses représentants avait honoré de sa présence. Mais au fil du temps, les lignes sont devenues claires et lisibles. Chérif Ousmane Haïdara n’est pas du même bord que M’Bouillé et Mahmoud Dicko. Il préfère faire son chemin seul pour ne pas mettre en péril ses acquis matériels et populaire, surtout que le Tigre maitrise un peu la jungle de toutes ses grosses devant les masses : résultat, il vaut mieux le laisser en paix pour avoir la tranquillité et être assuré que ses secrets sont bien gardés et protégés dans un frigo dont il détient les clés. Tout est clair maintenant, à travers sa contre marche sous le couvercle d’un pseudo prière pour le Mali, le Chérif Ousmane Madani dégage enfin sa position et vole au secours de ses amis politiques.
Boncane Maiga
Source: lepointdumali