Au marché du quartier Somono, à Ségou, les vendeuses de poissons ne sont pas seules à faire de bonnes affaires. Elles côtoient sous un grand hangar, d’autres femmes douées et rapides pour écailler et nettoyer les poissons. Cette activité est lucrative.
Le sous-secteur de la vente du poisson a généré d’autres petits métiers qui forment une chaîne bien structurée. Chaque vendeuse dispose de deux ou trois « ouvrières » qui écaillent et vident les poissons, après l’achat. Les vendeuses de glace et de seaux de conservation du poisson traité emballent, convenablement, la marchandise pour les voyageurs en transit à Ségou.
Le marché du poisson est rentable. Les commerçantes grossistes, les détaillantes, les nettoyeuses de poissons, les vendeuses de glace et de seaux font, toutes, de bonnes affaires. Chacune de ces femmes est active et autonome dans la chaîne et se frotte les mains. Nous avons approché trois vieilles dames qui travaillent ensemble. Elles ont la lourde tâche d’écailler le poisson en un laps de temps. Le trio trône au milieu d’une quantité énorme de tas de poissons.
La vieille Djénéba Dara travaille pour un grand hôtel de la place. Elle explique qu’elle est vendeuse ambulante de poissons. Mais, chaque après-midi, elle vient nettoyer les poissons achetés par ce grand hôtel. « Ce travail ne me gêne pas. Ce sont les frais de nettoyage qui m’ont permis de réunir un capital pour être vendeuse ambulante de poissons. Je tiens le bout grâce à cette activité de nettoyage de poissons. Je suis autonome financièrement », indique-t-elle.
Les outils de travail des nettoyeuses sont le couteau, la petite hache et un épais morceau de bois dont le bout est une brosse fabriquée avec des dents de fer. Ces professionnelles écaillent 1kg de poisson à 50 Fcfa. Chacune peut recevoir un volume de travail de plus de 100 kg de poisson dans la journée.
La vieille Djénéba est heureuse et passe aux confidences dans un éclat de rire: « Faites, vous-même, le calcul. Souvent, je gagne plus de 10 000 Fcfa. En ajoutant cette somme à mes bénéfices de la vente ambulante de poissons, je ne peux que me réjouir ».
La voisine Garibou Sangaré travaille pour aider son mari au chômage. Elle reconnaît que « grâce à cette activité, elle arrive à joindre les deux bouts. L’essentiel pour faire vivre une famille est assuré », dit-elle. Elle nous parle, tout en continuant à écailler un tas de poissons posé devant elle. Cette mère courageuse, soutien de famille, commence à travailler, très tôt, le matin et termine au crépuscule.
« Je trouve, quand même, le temps d’aller cuisiner pour ma famille et de revenir faire mon travail, le soir », souligne-t-elle. Combien gagne-t-elle par jour ? Elle répond : « Ce qu’il faut pour faire face à mes dépenses quotidiennes ». « Je vis, au jourale jour. Grâce à Dieu, nous mangeons à notre faim à la maison », conclut Garibou Sangaré.
La jeune Kadidia Traoré évolue aux côtés de sa maman. Elle est nettoyeuse depuis 4 mois. Elle estime que ce travail est un passage obligé, parce qu’elle évolue dans le monde du commerce de poisson. « Je viens, j’observe. Je fais ce travail pour me faire un peu d’argent », affirme-t-elle. Contrairement à sa maman, Kadidia veut faire le commerce de poisson fumé. Le marché de nettoyage des poissons est aussi lucratif que celui de la vente.
AT/MD
(AMAP)