Le gouvernement Moussa Mara a-t-il définitivement résisté à la bourrasque déstabilisatrice du scandale de l’avion présidentiel et du contrat d’armements ? La question meuble, depuis plusieurs jours, les discussions dans les salons feutrés de Bamako.
La démission du Premier ministre, qui avait récemment fait l’objet de rumeurs persistantes dans tout le pays et annoncée par la presse comme imminente, semble ne plus être d’actualité du fait d’un… mal bienfaiteur pour lui! La survenance – désormais circonscrite, du moins espérons-le !- de l’épidémie Ebola a donné du fil à retordre au président de la République et au gouvernement au point qu’il a dû ranger dans le tiroir, toute volonté de remercier le patron de la Cité administrative. Et c’est justement la menace que constitue Ebola qui a donné plus d’activités au fils de Joseph Mara, désormais au four et au moulin pour vérifier le dispositif de surveillance sanitaire ici et ailleurs.
Celui que IBK appelle affectueusement » Fiston « a ainsi échappé, une nouvelle fois, à son départ de la tête du gouvernement par une baraka dont il est seul à avoir le secret. Moussa Mara, dont l’opposition avait réclamé la démission avant d’introduire sans succès une motion de censure à l’Assemblée nationale, semble en constant sursis dans la mesure où l’homme avait été boudé par l’ancien patron de l’ONU au Mali, Bert Koenders. C’était au lendemain de la malencontreuse visite du chef du gouvernement à Kidal. Au creux de la vague en ces moments, Mara avait perdu dans sa cote de popularité. Mais avec l’ouverture des pourparlers d’Alger, il fallait que le gouvernement soit bien uni avec un chef réconforté moralement par le chef de l’Etat. Mara sera là encore très actif pour piloter l’invitation des acteurs politiques à Koulouba. Au point d’inviter certains leaders par SMS…
En clair, chaque fois que les choses semblent échapper au contrôle du Premier ministre, des circonstances surviennent et éloignent la nécessité de réaménager le gouvernement. Au grand dam de certains caciques du RPM qui n’hésitent pas aujourd’hui à tendre des peaux de banane sur la route déjà sinueuse du fils de Joseph Mara. Celui qu’on dit très régulier et ponctuel à la prière musulmane de cinq heures du matin à une baraka qui ne dit pas son nom. Mais cette chance peut-elle lui permettre de déchirer la lettre de démission qu’il avait failli remettre récemment à IBK ? That is the question.
Bruno D. SEGBEDJI