Des organisations de la société civile du Burkina et du Mali sont aujourd’hui vent debout contre la présence de troupes étrangères dans leurs pays respectifs. Au Mali, cela s’est traduit par une manifestation pour signifier aux autorités tout le mal qu’elles pensent de la présence de ces troupes sur leur sol. Au Burkina, la manif a pris la forme de la tenue de journées anti-impérialistes. A Ouagadougou comme à Bamako donc, la thématique est la même. C’est la dénonciation au vitriol des impérialistes. Ces derniers sont pratiquement accusés d’être de connivence avec les forces du mal à l’effet de faire main basse sur les richesses du Sahel africain. L’on se rappelle également qu’une manif de la même nature avait eu lieu au Niger. Les arguments brandis pour exiger le départ de ces troupes, peuvent tenir la route. Leur présence peut-être analysée, en effet, sous l’angle de la perpétuation de l’impérialisme européen du XIXe siècle.
On peut avoir l’impression que les troupes étrangères ne font que le strict minimum
De ce point de vue, cette présence est indissociable des causes fondamentales de l’impérialisme qui sont, entre autres, l’exploitation économique des zones occupées et le positionnement géostratégique. Et dans le cas d’espèce, il est établi que le Sahel africain regorge de richesses alléchantes qui peuvent faire saliver. Il est aussi admis que ce grand espace offre d’énormes possibilités de positionnement géostratégique, sérieusement lorgnées et convoitées par les puissances occidentales. Ainsi, les Américains ont pris pied dans le Sahel nigérien en y installant des bases militaires. Les Français ne sont pas en reste, puisqu’ils donnent l’impression de veiller sur le Sahel burkinabè et malien comme du lait sur le feu. Et l’instrument qui a été dédié à ce mobile géostratégique, pourrait être Barkhane. L’on peut ranger dans la même logique, l’attitude un peu trouble de la France vis-à-vis de la localité de Kidal en particulier et sa sympathie non moins suspecte à l’endroit des Hommes bleus du désert, c’est-à-dire les Touaregs. Et cette attitude de nos ancêtres les Gaulois, a été une constante depuis que le Mali a accédé à l’indépendance en 1960, si fait que Kidal a toujours été une sorte de boulet au pied du pays de Modibo Keïta. L’autre grand reproche formulé contre les troupes étrangères, est lié à leur inefficacité. En effet, l’on peut avoir l’impression qu’elles ne font que le strict minimum. En tout cas, elles ne font pas assez pour briser les reins de la bête immonde alors qu’elles ont tous les moyens technologiques et militaires pour le faire. En Syrie et en Irak, en tout cas, elles ne sont pas allées avec le dos de la cuillère pour bouter hors de ces pays, l’EI (Etat islamique). Quand donc leurs intérêts sont menacés par les terroristes, les impérialistes savent faire montre d’efficacité. L’on peut, de ce point de vue, s’interroger sur leur sincérité à venir à bout des groupes armés qui sévissent aujourd’hui au Sahel. L’on peut d’autant plus s’interroger sur leur engagement sincère à le faire, que lesdits groupes armés sont loin non seulement d’avoir les effectifs de l’EI en Syrie et en Irak, mais aussi de disposer de la puissance de feu de ce dernier.
Il revient aux troupes étrangères d’apporter la preuve qu’elles sont aussi au Sahel pour desserrer l’étau des terroristes autour des populations meurtries
L’on peut légitimement donc adhérer à la thèse des organisateurs des manifestations, selon laquelle les impérialistes sont de connivence avec les groupes armés dans le dessein de fragiliser davantage nos Etats pour mieux justifier leur présence. D’ailleurs, ce sentiment, au-delà des organisateurs des journées anti-impérialistes, est en train de gagner les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer, elles qui, aujourd’hui, subissent au quotidien la folie meurtrière des terroristes. Il revient donc aux troupes étrangères, d’apporter la preuve qu’elles sont aussi au Sahel pour desserrer l’étau des terroristes autour de populations meurtries et innocentes. Et si elles s’inscrivent dans cette logique, il ne fait pas de doute qu’elles gagneront le cœur de ces populations. Cela dit, l’on peut se poser la question de savoir ce que seraient le Mali, le Niger et le Burkina, sans la présence de ces troupes étrangères. A cette question, l’on peut répondre de manière nette et catégorique. Ces pays-là seraient totalement sous l’emprise des terroristes. Ces derniers n’auraient eu aucune difficulté à en faire des califats où ils auraient sévi contre toutes les libertés individuelles et collectives. Et tous ceux qui développent aujourd’hui des tirades contre la présence des troupes étrangères au Sahel, n’auraient aucune possibilité de se déverser dans la rue pour signifier leur mécontentement, encore moins d’accéder à la Bourse du travail pour y tenir des meetings de protestation. Car, ne l’oublions jamais, les terroristes considèrent tous ceux qui savent faire preuve de cogito ergo sum (je pense donc je suis), comme des ennemis à abattre. De la même manière, tous ceux qui pratiquent la langue de ces ‘’impérialistes’’ et par ricochet, leur culture, sont bons pour le peloton d’exécution. Il faut donc se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Car, la présence de ces troupes étrangères a certes ses inconvénients, mais elle a aussi ses avantages. Et puis, à moins de vouloir s’auto exclure de la communauté des nations, l’on ne voit pas comment l’on pourrait récuser la présence de la MINUSMA au Mali. En effet, cette structure est une création des Nations unies. Et le Mali, le Burkina et le Niger en font partie. Tout le monde a certes le droit de manifester puisque la démocratie le garantit, mais il est du devoir de tous d’éviter de tenir des propos susceptibles de saper le moral de nos forces de défense et de sécurité et de décourager certaines bonnes volontés qui veulent nous aider à casser du terroriste. Et les Maliens sont les premiers à savoir que si François Hollande n’avait pas envoyé ses troupes pour contrer la marche des terroristes sur Bamako, le Mali serait aujourd’hui un laboratoire d’expérimentation du projet de société funeste de ces fous d’Allah. Et après ce pays, le Burkina et le Niger s’effondreraient comme des châteaux de cartes sous leur puissance de feu et face à leur détermination.
« Le Pays »