Suite à la multiplication des manifestations et la pression autour du départ du président Abdoulaziz Bouteflika du pouvoir en Algérie, le chef d’état-major de l’armée a demandé le mardi au parlement, à ce que soit appliqué l’article 102 de la constitution pour pouvoir déclarer l’inaptitude du président à exercer ses fonctions. Cette déclaration symbolise la perte d’un allié stratégique. L’espoir de Bouteflika deviendrait moindre.
L’Algérie vit depuis plusieurs semaines des manifestations hostiles au régime du président Abdoulaziz Bouteflika. Déclenché suite à la volonté du président en exercice de se représenter pour un nouveau mandat, une volonté qui avait été d’ailleurs proposée par les proches et alliés du pouvoir, ce soulèvement en veut maintenant au règne même du président Bouteflika. D’abord les opposants politiques, maintenant c’est toutes les forces vives de la nation qui demandent une nouvelle ère politique en Algérie. À la tête du pays depuis 1999, le président Abdoulaziz Bouteflika voulait briguer un cinquième mandat à la magistrature suprême du pays, alors qu’il est aujourd’hui affaibli, vieux et très malade depuis 2013. Suite aux nombreuses manifestations de contestation, Abdoulaziz Bouteflika renonce à la question d’un cinquième mandat et propose une transition dirigée par lui-même, permettant de mettre en place les conditions nécessaires pour l’instauration d’une véritable réforme inclusive dans le pays. Ce qui explique également la prorogation de son mandat actuel jusqu’à l’adoption d’une nouvelle constitution. Mais cette décision de Bouteflika, au lieu d’apaiser, va au contraire mettre de l’huile sur la situation brulante. Les manifestants ne veulent entendre que le départ immédiat du vieux président. Suite à cette pression, les alliés du président ont commencé à le lâcher et même permettre à certains de se dresser contre lui. Ce mardi 26 mars, ce fut le tour du puissant chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaed Salah. Dans une déclaration relayée par la télévision algérienne, le général a laissé entendre que la seule solution à la crise politique dans le pays est que le président Abdoulaziz Bouteflika soit déclaré inapte par le parlement à exercer ses fonctions sur la base des dispositions de l’article 102 de la constitution algérienne. Cette disposition une fois appliquée donnerait le droit au président de la chambre haute du parlement d’assurer par intérim les fonctions de la magistrature suprême du pays pendant au moins 45 jours.
Cette atmosphère Bouteflika rappelle déjà l’ère Yahya Jammeh à la Gambie bien vraie que les circonstances diffèrent. Tout comme ce dernier, il n’a plus intérêt à s’accrocher à ce pouvoir dans un pays où ces alliés deviennent de plus en plus moindres. Cela va à son honneur ainsi qu’à cela de toute la nation.
ISSA DJIGUIBA
Source: Le Pays