Adama Diarra alias Ben Le Cerveau et ses compagnons du mouvement « Yèrèwolo » prévoient un meeting le 20 janvier 2021 pour demander le départ des troupes françaises du Mali. Etant membre du Conseil national de transition (CNT), cette position de Ben Le Cerveau embarrasse le président de cette institution, le colonel Malick Diaw, qui a été obligé de publier un communiqué le vendredi dernier pour se désolidariser des déclarations de ce dernier. Mais la question que l’on peut se poser est la suivante : Jusqu’où peut-il aller Ben le Cerveau?
Connu pour ses positions anti françaises, Adama Diarra alias Ben Le Cerveau était en première ligne dans les manifestations, qui ont contribué à la chute de l’ancien président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Habitant dans la ville garnison de Kati, il est réputé proche des militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) dont le siège se trouve dans la même ville.
C’est dans ce contexte que Ben Le Cerveau a été nommé membre du Conseil national de transition (CNT), qui joue le rôle d’organe législatif pendant la période transitoire en cours dans notre pays. Mais cette nomination semble n »avoir pas changé la position de Ben Le Cerveau, qui prévoit à travers son mouvement « Yèrèwolo » d’organiser un meeting le 20 janvier 2021 (jour de la fête de l’armée malienne) pour demander le départ des troupes françaises de notre pays.
« Le bilan des 8 ans d’intervention de la France au Mali est catastrophique. Les Français mêmes reconnaissent cela. Nos problèmes sont venus du palais présidentiel français depuis novembre 2011 sous Nicolas Sarkozy. Nous allons nous battre pour le départ des troupes françaises du Mali », affirme Ben le cerveau.
Depuis 2013, des troupes françaises sont présentes au Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Cette position de Ben Le Cerveau embarrasse le président du CNT, le colonel Malick Diaw qui a publié un communiqué le vendredi dernier pour réaffirmer le soutien de son institution à tous les partenaires du Mali dans la lutte antiterroriste dans notre pays.
« Le président du CNT a le regret de constater que, depuis quelques jours, des déclarations émanant de certains mouvements et regroupements, au sein desquels militent quelques membres du CNT, tendent à décrier la présence militaire française au Mali. Au moment où notre pays aspire profondément à la paix et à la stabilité, le président du CNT informe l’opinion nationale et internationale que lesdites déclarations n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Il tient à réaffirmer le soutien et la disponibilité du CNT à l’endroit de tous les partenaires qui œuvrent aux côtés du Mali dans la lutte antiterroriste, sous toutes ses formes », affirme le colonel Malick Diaw, avant « d’inviter l’ensemble des membres du CNT à se focaliser exclusivement sur la mission qui leur est dévolue dans le cadre de la transition en cours au Mali et d’observer strictement les dispositions de l’article 92 du règlement intérieur interdisant d’user de leur titre pour d’autres motifs que pour l’exercice de leur mandat ».
La réplique du parti ADEPM
La réaction du parti du parti ADEPM après le communiqué du président du CNT ne s’est pas fait attendre. Le président du parti ADEPM, Aboubacar Siddick Fomba, également membre du CNT, et qui est favorable au départ des troupes françaises, a exprimé son désaccord avec le communiqué du CNT, qui, selon lui, est attentatoire à la liberté d’expression.
« Le parti ADEPM rappelle au président du CNT que conformément à la Constitution et à la Charte de transition, les membres du CNT ont même le droit de demander et de voter des lois pour résilier ces traités à fortiori dénoncer. Ce communiqué viole non seulement le règlement intérieur du CNT mais aussi le décret de nomination et de la Constitution de février 1992 », peut-on lire dans le communiqué du parti ADEPM, qui précise que « les clauses de la légitime défense qui constituent la base juridique de la présence des forces françaises au Mali conformément à la légitime défense autorisent les dénonciations et les protestations du peuple malien qui paye ses impôts pour la prise en charge et du gouvernement et de ces forces. Aucune disposition de la charte, de la Constitution et du règlement intérieur du CNT n’interdit aux membres du CNT la liberté d’expression et au CNT et en dehors du CNT ».
La pression de la France ?
Le communiqué du président du CNT est intervenu quelques heures après une visite de l’ambassadeur de France au Mali au ministre de la Réconciliation nationale pour « des échanges francs sur le processus de paix au nord et la situation au centre », selon l’ambassade de France. Ce qui pousse certains à s’interroger sur une possible pression de la France sur les autorités de Transition à propos des déclarations anti françaises dans notre pays.
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