Le sport est fréquemment confronté à des crises au sein des Fédérations sportives nationales. Et cela pour plusieurs raisons. Mais, avec les statuts-types des fédérations, un grand pas va être franchi vers l’apaisement dans la famille du sport malien.
«Lorsque vous réunissez les gens, les points de vue ne sont jamais les mêmes. Du coup, il y a des contents et des mécontents. A l’issue de notre dernier Conseil national, il y a des gens qui n’ont pas pu rentrer dans le bureau. Ils ont essayé de former un conglomérat dénommé : Association des judokas pour l’émergence ! Ils se sont réunis pour dire que le judo malien est dans une grande difficulté financière et qu’il y a eu un détournement de plus de 100 millions de F Cfa» ! C’est ce qu’a récemment révélé à nos confrères de «Aujourd’hui Mali» le premier vice-président de la Fédération malienne de judo (FMJ), Colonel Abdoulaye Kéita.
«Ce sont eux qui ont rédigé cette plainte à adresser à Monsieur le Procureur de la République près du Tribunal de grande instance de la Commune III. Quand le juge est saisi d’un réquisitoire introductif, il ne peut que saisir les services d’enquête. Le Procureur s’en est saisi et il a envoyé le dossier au Pôle économique et financier». Et cela fait plus d’une année que cette affaire est en cours.
Malgré la convocation de plusieurs responsables de cette fédération (le président, la présidente sortant de la Commission d’organisation et celle qui lui a succédé, la trésorière générale, le secrétaire général…), la justice ne semble pas avoir progressé sur ce dossier. Et cela parce que, nous dit un dirigeant sportif, «il n’y a pas eu de détournement». En tout cas le Colonel Kéita a tenu à rappeler que «l’État ne donne pas (directement) d’argent aux fédérations sportives».
Les activités du judo, comme de nombreuses disciplines dans notre pays, sont financées grâce au partenariat entre le CNOSM et Moov Africa Malitel. «Les fonds sont mobilisés au niveau du CNOSM qui les met à la disposition des fédérations afin de mener leurs activités…», confirme le Colonel Abdoulaye Kéita. «Avant chaque compétition, nous déposons un devis au niveau de la comptabilité du CNOSM et le montant arrêté est mis à la disposition de la fédération pour mener l’activité. Une fois que l’activité est terminée, nous rassemblons les justificatifs pour être remis à la comptabilité. Maintenant, pour avoir droit à un autre financement par rapport à une autre activité à mener, tant que ces justificatifs ne répondent pas aux critères, cette fédération n’aura pas droit à un autre financement afin de mener une autre activité», explique-t-il. Pour ce qui est de la participation aux compétitions africaines et internationales, «nous sommes épaulés par le président du CNOSM», reconnaît-il.
Bientôt la fin des conflits de succession au sein des associations sportives ?
Comme nous l’avons fréquemment rappelé, les crises qui hypothèquent le bon fonctionnement de nos fédérations et la performance de nos disciplines sportives naissent de la cupidité et de la mégalomanie. Ainsi, de loin, certains pensent qu’il y a «à manger et à boire» au sein d’une fédération sportive dont le management est pourtant axé sur le bénévolat. Ils sont alors prêts à remuer ciel et terre pour se faire élire. Et quand ils échouent, ils font également tout pour empêcher le président élu et son équipe de travailler dans la quiétude et la sérénité.
Il est aussi vrai que certains présidents, une fois élu, s’accrochent par tous les moyens à leurs fauteuils. Ils utilisent surtout tous les moyens pour éloigner voire écarter ceux qui peuvent leur porter de l’ombre, qui peuvent leur dire certaines vérités quand ils sont dans l’erreur. Tout cela contribue à nourrir les antagonismes au sein de nos fédérations. «Pourquoi s’accrocher à un fauteuil si on n’y gagne pas quelque chose» ? Tel est le raisonnement des «opposants».
Désormais, beaucoup des conflits de succession vont disparaître si les statuts-types des fédérations nationales sportives sont appliqués à la lettre. Ce document a été remis par le ministre Mossa Ag Attaher (ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne) au président du CNOSM, Habib Sissoko, le 22 juin 2022.
Au mouvement sportif, cet arrêté assure la protection de l’athlète, du sport et du jeu ; la sauvegarde des relations sportives ; la défense du droit du sport par le respect des procédures de règlement des litiges sportifs. Et la «clause compromissoire convenable» dans le domaine du sport est désormais inscrite dans les statuts des Fédérations sportives nationales comme «gage de stabilité et d’harmonie» dans la grande famille du sport malien.
Moussa Bolly
Source : Le Matin