Dans une interview qu’il nous accordée, Mamba Coulibaly, président du Collectif des régions non opérationnelles (CRNOP), a rejeté la décision du gouvernement de nommer des gouverneurs de quatre régions sur les neuf non opérationnelles. Le CRNOP reste ferme sur sa proposition de faire le découpage administratif de toutes les neuf régions avant le début des campagnes. A défaut, il appellera à un vote-sanction contre l’actuel président, IBK. Lisez l’entretien !
Le pays: Voulez-vous vous présenter à nos lecteurs et en faire de même pour le collectif que vous dirigez ?
Mamba Coulibaly : Je suis Mamba Coulibaly, président du Collectif des régions non opérationnelles. Ces régions sont au nombre de neuf. Il s’agit de Bougouni, Koutiala, Kita, Nara, Bandiagara, Douentza, San, Nioro et Dioïla.
Je rappelle que la loi N°17-2012 du 31 janvier 2012 portant création des 11 nouvelles régions a été promulguée par le président de la République Amadou Toumani Touré le 2 mars 2012. L’article 4 de ladite loi stipule : « La présente loi abroge les dispositions antérieures, au fur et à mesure de sa mise en œuvre échelonnée sur 5 ans à compter de sa date de promulgation ». Le délai est expiré, excepté pour deux régions ( Menaka et Taoudéni). Le gouvernement n’arrive pas à rendre les autres opérationnelles. C’est pourquoi nous avons créé le CRNOP et nous nous battons inlassablement pour l’opérationnalisation de toutes les 9 autres régions.
Depuis plus d’un an, vous vous battez à bras le corps à travers le CRNOP. Votre objectif est-il atteint ?
Notre objectif n’est pas atteint malgré nos efforts auprès du gouvernement. On a tenu beaucoup de rencontres dans toutes les régions concernées et à Bamako pour solliciter le gouvernement à appliquer la loi N°17-2012 dans son intégralité, mais nous ne sommes jusqu’à présent pas écoutés.
Avant l’arrivée de Soumeylou Boubeye Maiga, nous avons eu des rencontres avec le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga. Lui et son ministre de l’Administration territoriale, Tieman Hubert Coulibaly, avaient en son temps accepté notre proposition et avaient promis de rendre opérationnelles 4 régions avant la fin de 2018 et les 5 autres avant l’élection présidentielle. Eux, ils avaient, au moins, donné un programme bien fixé. Mais à notre grande surprise, le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga a, lors de la présentation de sa DPG, dit que les régions non opérationnelles ne peuvent pas être activées avant la fin de 2018. Il a annoncé qu’elles seront activées en 2019 et après les élections législatives. Nous avons rejeté cette proposition et c’est d’ailleurs pourquoi nous avions organisé une grande marche le 15 mai à Bougouni pour demander au gouvernement de faire le découpage administratif et de procéder à la nomination des gouverneurs de toutes ces 9 régions. Au-delà de cette date, nous appelons l’ensemble des populations de ces régions à un vote-sanction contre IBK. Nous sommes actuellement à ce niveau.
Le jeudi dernier, le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, a annoncé la nomination des gouverneurs de 4 régions sur les 9 non opérationnelles. Quelle est votre avis ?
Nous avons été surpris d’entendre que suite à son interpellation par le député de Bougouni sur la question, le Ministre a annoncé la nomination de 4 gouverneurs. Nous nous demandons si c’est le ministre de l’Administration territoriale qui commande ou le Premier ministre. Le PM parle de 2019 et son ministre annonce le 11 juillet. Nous ne savons pas qui des deux dit la vérité. Nous ne croyons pas à cette proposition du ministre Mohamed Ag Erlaf. Nous avons malheureusement remarqué que depuis l’arrivée d’IBK, il n’y a que des hésitations et propositions contradictoires. Nous rejetons cette proposition du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation et nous exigeons la nomination des 9 gouverneurs le même jour. Voilà notre position et nous allons rester sur cette décision. Sans le découpage administratif et la nomination de tous les 9 gouverneurs avant le début de la campagne électorale, le 29 juillet, nous allons voter contre le président IBK.
Vous appelez à un vote-sanction contre le candidat Ibrahim Boubacar Keita, pour quel candidat allez-vous voter ?
Ce message de vote-sanction contre IBK est lancé dans toutes les 9 régions. A partir de ce lundi, nous allons commencer des concertations pour pouvoir décider de voter le candidat qui va accepter nos doléances.
Avez-vous rencontré un candidat en ce sens ?
Nous avons démarché plusieurs candidats qui ont donné leur accord par rapport à nos doléances. Nous leur avons dit qu’il faut que ces régions soient opérationnelles avant la fin de 2018. Imaginez, Menaka a, aujourd’hui, 4 cercles et 6 pour Taoudeni, alors que le nombre de leur population ne vaut pas de celui de ces régions non encore activées.
Quel est votre dernier mot ?
Je répète, nous ne croyons pas à la proposition du Ministre ; nous la rejetons car nous pensons que c’est une décision électoraliste. Elle est électoraliste parce que le 11 juillet nous trouvera en pleine campagne. Dans la norme de choses, le gouvernement ne doit même pas faire des nominations pendant la période de campagne électorale. Je précise enfin que nous maintenons notre décision de voter contre IBK le 29 juillet prochain. Nous allons voter pour un candidat qui va rendre opérationnelles nos régions au plus tard le 31 décembre 2018.
Réalisée par Boureima Guindo
Source: Le Pays