Aujourd’hui, l’argent a vraisemblablement pris le dessus sur tout. Et le mal est que, les hommes, qui ont une chance de maîtriser les versets bibliques ou les sourates du Coran, sont devenus des personnes incontournables dans notre société. Car ils vivent dans une opulence qui ne dit pas son nom. Ils sont devenus de véritable coffre-fort financier. Cette gangrène que l’on croyait pour les soit distants religieux, s’est invité au ministère des Affaires religieuses et du culte. En effet, au niveau de ce département, ce sont plus de 600 millions de nos francs qui se sont volatilisés dans l’air. Incroyable, mais vrai !
Le rapport individuel du Bureau du Vérificateur Général rendu public est clair : « sur les opérations de recettes et de dépenses liées au pèlerinage à la Mecque pour les exercices 2016, 2017 et 2018, des irrégularités financières s’élèvent à plus de 639 millions de FCFA ».
L’objectif de la mission du bureau du Vérificateur Général était de s’assurer que les recettes collectées ont été entièrement transférées sur le compte spécial pèlerinage et que les dépenses exécutées l’ont été conformément aux procédures en vigueur et qu’elles sont sincères et régulièrement justifiées. Mais hélas c’est la désolation totale. Il ressort du rapport que les frais de pèlerinage payés par les pèlerins servent à leurs prises en charge concernant les transports aérien et terrestre, leur hébergement et leur restauration. Ils sont versés dans le compte spécial pèlerinage. L’Etat intervient essentiellement dans l’encadrement des pèlerins. A cet effet, il alloue des ressources financières pour la prise en charge de la Commission nationale d’encadrement (CNE).
Pendant la période sous revue, les sommes collectées auprès des pèlerins se sont élevées à 10 072 343 925 FCFA et la part du budget d’Etat pour la prise en charge des membres de la CNE à 1 486 610 065 FCFA. Le montant total des irrégularités financières constatées par les vérificateurs s’élève à 639 859 502 FCFA.
Les irrégularités portent notamment sur le fait que les marchés n°0248/DGMP 2016 et n°01883/ DGMP 2018, les 2 relatifs au transport aérien des pèlerins et de leurs bagages de la filière gouvernementale, au titre des années 2016 et 2018, ont fait l’objet d’enregistrement gratis au service des impôts, alors qu’ils ne sont pas exemptés du paiement du droit d’enregistrement.
Le montant des droits d’enregistrement, qui aurait dû être payé aux impôts, s’élève à 46 716 102 FCFA après que le Centre des Impôts de la commune III du district de Bamako ait procédé à un recouvrement des droits d’enregistrement auprès du titulaire du marché n°01883/ DGMP 2018.
La mission a constaté que le Directeur des Finances et du Matériel (DFM) et le Secrétaire Général du ministère des Affaires religieuses et du Culte ont indûment payé le chèque n°1051557 au nom de l’Agence Danaya pour un montant de 50 millions FCFA retiré sur le compte spécial pèlerinage à la date du 16 octobre 2017. L’émission et le retrait dudit chèque ne sont soutenus par aucune prestation encore moins une pièce justificative.
De même, elle a constaté que les mêmes responsables ont émis le chèque n°0651592 d’un montant de 130 millions FCFA au nom de l’Agence AMASER/EGYPTAIR au titre des frais de transport des pèlerins. Le montant dudit chèque a été prélevé sur le compte BIM n°025128108201 dans lequel le trésorier payeur a viré l’appui financier exceptionnel. En effet, cette prestation relative au transport des pèlerins, qui constitue une opération du compte spécial pèlerinage, n’est pas éligible à ce fonds.
Et pour mieux brouiller les traces de leur gloutonnerie, l’argent recueilli auprès des pèlerins fait l’objet de gestion opaque, digne des grands détournements de fonds publics dans les films hollywoodiens.
Des sociétés écrans sont créées pour ‘’pomper’’ cet argent. Une stratégie adoptée pour optimiser leur compte personnel.
En tout cas, il urge que les plus hautes autorités songent à éclairer la lanterne des Maliens sur cette malversation qui n’honore point la religion encore moins ces présumés auteurs. Puisque dans ce même rapport, il ressort que le régisseur spécial a payé des indemnités de mission non justifiées aux membres de la CNE. En effet, suivant l’ordre de mission n°3076-SGG-RM du 24 aout 2016, sur une prévision de 50 jours, les missionnaires n’ont effectué que 20 jours. Cependant, le Régisseur spécial leur a payé la totalité des indemnités de 50 jours. Ainsi, il en résulte un reliquat d’indemnités de 30 jours non reversé et non justifié, représentant 13 500 000 FCFA.
Il a été aussi constaté que des chèques ont irrégulièrement été émis pour des retraits non justifiés pour un montant total de 225 millions FCFA.
Pour ne pas que cette délinquance financière reste sans suite, le Bureau du Vérificateur Général a procédé à la transmission et à la dénonciation de faits au président de la Section des comptes de la Cour suprême et au procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune III chargé du Pôle économique et financier les faits suivants : enregistrement irrégulier gratis au profit des titulaires de marchés pour un montant de 46 716 102 FCFA ; non-paiement du droit d’enregistrement pour un montant de 19 571 141 FCFA ; non- paiement de la redevance de régulation pour un montant de 12 465 710 FCFA ; paiement indu à une agence de voyage pour un montant de 50 millions FCFA ; l’octroi d’indemnités indues au personnel du consulat pour un montant de 7 651 814 FCFA ; paiement d’Indemnités de mission non justifiées pour un montant de 13 500 000 FCFA ; double utilisation de mêmes pièces pour justifier deux dépenses pour un montant de 4 275 000 FCFA; dépenses irrégulières effectuées par l’Agent comptable de la MAD sur le fonds épargne pèlerinage pour un montant de 130 679 737 FCFA ; émission irrégulière de chèques au nom du régisseur d’avances ordinaires pour des retraits non justifiés sur le compte BIM pour un montant de 225 millions FCFA et dépenses inéligibles effectuées sur le compte BIM pour un montant de 130 millions FCFA.
Ainsi après la publication dudit rapport, il urge d’effectuer un audit à l’effet d’éclairer tout le monde sur la gestion du pèlerinage à la Mecque durant ses trois dernières années dans notre pays.
Après des années de pillage et de gabegie, le Hadj dans notre pays pourrait-il renaître de ses cendres ?
En tout cas, ce scandale financier sur le pèlerinage à la Mecque est la plus grave crise de son histoire.
Et s’il s’avère vrai, ce scandale financier pour l’organisation du Hadj montre à suffisance la gloutonnerie du ministre des Affaires religieuses et du culte, Oumar Tierno Hass Diallo, avec son clan.
Par conséquent, le Hadj est menacé au Mali, car les personnes chargées de l’organisation du 5è pilier de l’Islam ne sont pas des enfants de cœur.
Pour se la couler douce et rouler dans de grosses cylindrées, le ministre et ses associés de la Maison du Hadj sont prêts à tout pour pactiser avec le diable pour se donner bonne conscience.
Sinon comment comprendre que l’on puisse sucer le sang des pauvres maliens qui n’aspirent qu’à aller accomplir l’uns des piliers de l’Islam en terre sainte.
Paul Y. N’GUESSAN
Source: Bamako News