Enfant, nous vivons des situations dont nous ne réalisons la gravité qu’à l’âge adulte. L’une de nos blogueuses raconte son viol, à l’âge de 9 ans, et appelle les parents à surveiller et à communiquer avec les enfants.
J’avais 9 ans. Un matin, toute excitée comme tout enfant envoyé à la boutique à cet âge, j’étais en route pour une des pires expériences de ma vie sans le savoir. Arrivée à destination, j’ai vu le boutiquier assis tranquille comme si de rien n’était. Il a jeté son regard sur moi tout gentiment.
Quand je suis entrée dans la boutique, il a aussitôt refermé la porte derrière moi et m’a attirée vers le comptoir sous prétexte qu’il mangeait. Il m’a donné la permission de prendre ce que j’étais venu acheter et de laisser l’argent sur le frigo, une technique que je ne pouvais pas soupçonner. Dans ma naïveté d’enfant, je me suis dirigée vers le produit quand je l’ai vu tout d’un coup arrêté derrière moi.
« Si jamais tu cries, je t’égorge »
Il m’a attrapé par le poignet, culotte baissée, en me menaçant : « Si tu cries, je te coupe la tête. » Angoissée, j’ignorais ce qui allait se passer. J’étais déjà meurtrie. Il m’ordonna de me coucher tout en retirant ma culotte. Il m’a fait coucher sur le ventre, ma tête contre la natte. Abattue par la peur, j’ai senti un truc lourd me pénétrer. J’ai crié et il m’a menacée une fois de plus. Mon cri l’a cependant un peu paniqué.
Dieu faisant bien les choses, une femme est venue taper la porte de la boutique en criant : « Hé toi, même si tu manges, tu ne peux pas ouvrir la porte ? » Il s’est arrêté et m’a montré le couteau qui lui servait à couper le pain : « Si jamais tu cries, je t’égorge ».
Quand il a fini, il m’a fait sortir par la porte de derrière et a fait comme si de rien n’était. A mon arrivée à la maison, j’avais le vagin en feu. Je n’arrivais plus à parler. Je suis restée aux toilettes, cachée jusqu’ à ce que je sois apaisée.
Le mal n’est pas loin
J’ai grandi avec cette terreur jusqu’au jour où cette boutique a été fermée. Le mal n’est pas loin de nous. Il faut garder un œil sur les enfants et sur tous ceux qui les entourent. Le jour où j’ai appris que ce monsieur était décédé, je ne ressentais pas de peine pour lui.
Je n’ai pas eu de première fois comme toute princesse aimerait en avoir. À chaque fois qu’un homme m’approche, les fantômes de l’enfance resurgissent. C’est un mal qui me poursuit. Le viol, sous toutes ses formes, est un crime qui marquera à vie la victime. Il faut savoir surmonter et vivre pour militer contre ce fléau. Je n’oublierai jamais ce jour, même si j’ai appris à vivre avec.
Briser le silence
Généralement, en cas de viol, les actions principales consistent à donner une pilule d’urgence à la victime pour éliminer tout risque de grossesse. Ou encore une consultation pour déterminer les dommages causés par le coupable sur l’appareil génitale, et tout le corps avec un prélèvement du sperme du criminel pour les procédures judiciaires, car tout acte criminel doit être puni. La victime doit être impérativement suivie psychologiquement, toutes choses que nous négligeons dans notre société.
Je n’ai pas bénéficié de ces traitements, car j’ai pris le risque de garder le silence. Et à chaque fois que j’ai pensé à le dire à ma mère, j’ai préféré me taire en me rappelant qu’il m’a dit qu’il allait me tuer si jamais j’en parlais. L’homme est mort quand j’étais toujours petite. Sinon, je l’aurais dénoncé quand je suis devenue un peu grande.
Les parents doivent beaucoup communiquer avec les enfants. Ça les aidera peut-être à briser le silence.
Source : benbere