CONFLIT La junte malienne avait décidé de sanctionner ces médias mi-mars après la publication par ces médias français d’informations selon lesquelles l’armée du pays
France Médias Monde (FMM), maison-mère de RFI et France 24, a réagi dans un communiqué, contestant « avec force une telle mesure » et promettant d’utiliser « toutes les autres voies de recours possibles ».
Le groupe a précisé à l’AFP avoir reçu ce mercredi la notification de cette décision de la Haute autorité de la communication du Mali. « Nous continuerons à couvrir l’actualité au Mali qui intéresse l’Afrique tout entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessibles nos médias aux Maliennes et aux Maliens qui souhaitent continuer à recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde », poursuit FMM.
Accessibles sur les réseaux sociaux
La station et la chaîne étaient déjà coupées depuis mi-mars « sur le réseau FM pour RFI et par les opérateurs qui distribuent la télévision sur place pour France 24 », a précisé le groupe à l’AFP.
En revanche, RFI restait « accessible par « ondes courtes », un moyen technique très utilisé en Afrique notamment par les populations éloignées des grandes villes », tout comme France 24 « par réception satellitaire directe », selon le groupe.
Les réseaux sociaux restaient également accessibles et les deux médias « vont bénéficier comme en Russie, en partenariat avec RSF, de sites internet miroirs, via des adresses qui ne pourront pas être coupées par les autorités maliennes ».
Crise diplomatique
La décision de sanctionner RFI et France 24 intervient alors que la junte malienne a accusé mardi soir l’armée française d’« espionnage » et de « subversion » après la diffusion par l’état-major français de vidéos tournées par un drone à proximité d’une base du centre du Mali récemment restituée par la France.
Elle avait ordonné le 17 mars la suspension de la diffusion de RFI et France 24, après la publication par ces médias français d’informations selon lesquelles l’armée malienne était impliquée dans des exactions contre des civils, une décision qualifiée alors de « grave » par Emmanuel Macron.
Le président français avait estimé qu’elle était « le signe d’une course en avant vers le pire » pour le pays sahélien. Il avait lancé un appel « à la Cédéao, l’organisation régionale, et à l’Union africaine pour prendre les décisions qui conviennent (…), pour que, à la fois les violences et (…) la fermeture, le déni de l’information et du droit des journalistes à librement informer puissent cesser ».
Escalade des tensions
Depuis lors, France Médias Monde se défend et veut engager une « action en diffamation en France et au Mali, à la suite de la publication » d’un communiqué (…) « dans lequel le gouvernement malien compare les agissements supposés de RFI et France 24 aux pratiques et au rôle tristement célèbres de la radio Mille collines ».
« Ces accusations qui font référence à la radio ayant encouragé le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, en plus d’être totalement infondées, sont extrêmement graves et choquantes, portant atteinte à l’intégrité de RFI et France 24 comme à la sécurité des équipes », dénonce FMM, sans préciser le nombre de ses co-équipiers encore sur place.
Sur fond de crise diplomatique avec Bamako, Paris a annoncé en février le retrait de ses soldats déployés au Mali, opération devant être achevée cet été.
Source: 20minutes