Insécurité à deux visages (celle inter communautaire et celle des narcotrafiquants) au Nord du pays, fausses factures, achat du jet présidentiel, Ebola, annulation de la Miss ORTM pour des raisons de sécurité alors que des meetings ont lieu à Bamako (presque) chaque jour, pourparlers d’Alger, assassinats de deux touareg près de Kidal… Au Mali, la confusion règne partout au point qu’on a le sentiment que le pouvoir vacille. Un pouvoir dont la marque de fabrique est devenu le mensonge effronté, et dont on n’a du mal à comprendre comment il prend ses décisions. Un pouvoir qui, curieusement, semble ignorer que ce qu’il dit doit être aussi important que ce qu’il fait, et à qui il est temps de faire savoir que « la vie au Mali, ce n’est pas comme dans un clip de rap ! ».
Il y a quelques jours, Abdoul Madjid Thiam écrivait dans le quotidien « Les Echos » que « Tout compte fait, le système d’IBK n’en mène pas large. Il ne devra d’ailleurs sa notoriété à rebours qu’aux scandales : avion par-ci, armement surfacturé par-là. Café moulu acheté à prix d’or aujourd’hui, projet d’extension de la résidence privée aux frais du contribuable demain… SBM par-ci, Kagnassy par-là. Guo-Star, Végal, Cour suprême… Rien de positif pour l’avenir, pour la création d’emplois, pour la réduction de la pauvreté et pour la tranquillité publique. Toutes les promesses sur la moralisation de la vie publique, la bonne gouvernance des ressources financières et humaines, la réhabilitation de la justice, de l’école, de la santé s’effacent donc devant la quête effrénée de luxe à tout prix. M. président, il y a vraiment à désespérer de ce mandat qui n’est pas du tout favorable à un renouvellement de bail, hélas ! ». C’est là un constat, virulent, qui suffit pour prendre la juste mesure des problèmes qui envahissent le régime d’IBK, lequel est en train de faire la joie de ses contempteurs, car après plus d’un an au pouvoir, celui qui a fait un raz-de-marée à la présidentielle dernière a aujourd’hui du mal à trouver vers quelle direction conduire le pays. Autant dire que le Mali est noyé dans des affaires de corruption, fraude qui n’auraient pas dû exister, et, auxquelles est venue s’ajouter la maladie à virus Ebola, l’autre menace qui complique tout.
Aujourd’hui, la période est cruciale avec surtout la reprise des pourparlers en Alger. La dernière partie de l’étape algérienne. Et tout le monde ou presque attend ce potentiel accord comme une panacée. Sauf qu’au Nord du pays, il se passe beaucoup de choses qui sont de nature à mettre la puce à l’oreille. La découverte le jeudi 20 novembre dernier des deux touaregs égorgés et retrouvés près de Kidal, tout comme celui de Hama Ag Sidi Ahmed (à Tombouctou), est révélateur d’un climat d’insécurité très lourd. Même s’il n’est pas revendiqué, d’aucuns interprètent ce double assassinat comme la conséquence d’une alliance précédente avec les « méchants barbus »d’AQMI, du MUJAO ou d’Ansar Dine. D’autres aussi n’excluent pas l’hypothèse d’un conflit entre différents groupuscules armés, même si les deux victimes ne sont pas des combattants.
Une chose est sûre, c’est que même un accord avec les groupuscules rebelles ne résoudra rien pour l’insécurité à deux visages qui prévaut au Nord du Mali. L’absence de l’Etat dans cette partie du pays à la dérive, fait que les différentes communautés vivent dans une relation précaire, qui peut rompre à tout moment. Il y a aussi cette menace des narcotrafiquants soi-disant djihadistes. Et toute cette insécurité a comme foyer Kidal, bastion des groupuscules rebelles armés.
Que faire pour Kidal ?
Aujourd’hui, la fameuse question léniniste se pose : que faire ? Que faire pour Kidal ? Kidal n’arrête pas de s’engluer dans le marais de l’instabilité. Cette partie du Mali concentre toujours toutes les attentions, car c’est de là que tout est parti. C’est de Kidal qu’est partie la rébellion armée MNLA, qui a projeté le Mali au beau milieu d’une crise sécuritaire et institutionnelle dont il est en train de sortir. Mais, bizarrement, c’est à Kidal que tout est bloqué, coincé.Assassinat de journalistes, attentats djihadistes ayant causé la mort de plusieurs casques bleus (tchadiens, nigériens, sénégalais…), des tirs de roquette, voilà des évènements tristes qui ont marqué l’actualité de ces derniers temps à Kidal, une pétaudière par excellence. On le sait, les groupes rebelles (MNLA, HCUA, MAA), à qui la communauté internationale semblait avoir donné carte blanche, n’y mènent plus la danse. A dire vrai, cette situation trouble le sommeil de tous ou presque, à commencer par le président Keita. Que faire pour Kidal ? C’est à mon sens la seule question qui vaut d’être posée aujourd’hui.
Boubacar SANGARE
Source: Le Flambeau