Après le scandale du bébé amputé faute de soins appropriés, le gouvernement malien a débloqué ce mercredi 14 août 15 milliards de francs CFA pour rénover les hôpitaux publics de la capitale. Cinq milliards de francs CFA sont réservés pour l’hôpital Gabriel-Touré. Dans cet établissement, le plus grand du Mali, un enfant sur quatre meurt après son hospitalisation.
Il y a quinze jours, Fatoumata perd son bras droit. Elle est amputée une semaine après son hospitalisation dans l’établissement public le plus grand du pays. À Gabriel-Touré, le service de pédiatrie manque d’équipements. Pas d’appareils pour contrôler la fréquence cardiaque, ni la pression artérielle ou respiratoire, lit-on dans le dernier rapport du vérificateur général malien. En 2017, la quasi-totalité des décès survenus à l’hôpital Gabriel-Touré (96%) ont été enregistrés en pédiatrie.
Ce mercredi, le dossier pour la réhabilitation de certains services, la fourniture et l’installation d’équipements médicaux est passé en conseil des ministres. C’est la société ivoirienne Marylis BTP, du groupe Snedai, qui a obtenu les marchés. Cinq milliards de francs CFA sont alloués au CHU du centre de Bamako.
Est-ce un effet d’annonce quelques jours après le scandale du bébé amputé ? Les travaux ont déjà commencé depuis mars, indique la direction de l’hôpital Gabriel-Touré. Il s’agira à terme de mettre à niveau le plateau technique avec l’acquisition, entre autres, de deux scanners, des échographes, des équipements pour les blocs opératoires, explique le ministère de la Santé. Aucun appareil de type IRM (imagerie par résonance médicale) n’est encore prévu.
« Trois ou quatre enfants dans un même berceau »
Pour Djimé Kanté, le porte-parole du comité syndical de l’hopital Gabriel Touré, les conditions d’acceuil des patients restent déplorables et les montants alloués sont insuffisants. « Ce n’est pas la première fois que des amputations se passent dans cet hôpital, rappelle-t-il. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : une infection, un médicament inconsommable, et puis des enfants souvent couchés à trois ou quatre dans un même berceau et qui peuvent se transmettre des germes. Nos hôpitaux ne sont pas dignes de soigner des êtres humains ! »
Le porte-parole du comité syndical déplore une grave pénurie des « équipements les plus élémentaires tels que de simples potentiomètres ou des appareils pour voir la saturation, le battement cardiaque d’un enfant ». Ainsi, aux yeux de Djimé Kanté, « décider de mettre aujourd’hui 10, 15, 20 ou 100 milliards dans un hôpital pour qu’en fin de compte, le Malien puisse être soulagé chez lui au Mali, ce n’est pas grand-chose. »
RFI