Un seul slogan traverse toutes les rues du Mali : protégé ! La protection est devenue ce mot fort entre la bouche de la quasi-totalité des Maliens. Chacun parle de protection de ceci ou de cela. Mais rien n’est protégé. La protection est devenue un mot vide de sens.
« La théorie sans la pratique est aveugle ; la pratique sans la théorie est vaine », apprend-on des marxistes. Les Maliens sont en mal d’assimiler cette leçon du siècle. Comme si la théorie ne valait aucune importance à leurs yeux, chacun s’engage à protéger un domaine précis. Les uns se battent pour la protection des droits des femmes, d’autres pour la protection de l’environnement, d’autres encore pour la sauvegarde du fleuve Niger, d’autres se battent pour la liberté d’expression ou encore pour les droits des minorités, le respect des droits de l’homme, etc.
Mais, hélas ! Combien décevant ! Tout se passe comme si rien ne bougeait. Le paradoxe s’installe. Les protecteurs sont les grands violeurs. Tous les droits sont violés sans conséquence. Les femmes sont exposées aux violences à longueur de journée. Qu’en est-il de l’existence du fleuve Niger ? Elle est menacée. Où sont passés ceux qui disent se battre pour sa sauvegarde ? Ils sont assis en attendant sa disparition. Chacun parle vulgairement de protection, mais s’il s’agit de mener des actions concrètes, nul n’est prêt. Tout le monde crie. Tout le monde dénonce. Mais personne ne veut agir dans le « réel » pour protéger quoi que ce soit.
Les mouvements protectionnistes au Mali s’implantent dans le but de se faire de l’argent. Pour le matériel, chacun défend une cause qui ne l’attire nullement. Sur les réseaux sociaux, ils se montrent environnementalistes pendant que dans leur vie quotidienne ils qualifient les environnementalistes de mabouls. Cela reste pareil pour ceux qui défendent les valeurs d’égalité. Ils sont de grands misogynes fonctionnant sur la base d’idées archaïques.
Cette situation n’assure nullement un développement durable. Il faut vaille que vaille l’union de la théorie à la pratique. Que ceux qui prônent la protection de tel ou tel domaine soient accompagnés par une conviction ferme de vouloir se battre réellement pour ladite cause. Les protecteurs doivent se battre activement afin qu’il y ait une protection véritable. Cela est indispensable pour le changement dans la nation. Le Mali n’a plus besoin de cet activisme passif, mais plutôt de vrais acteurs sociaux convaincus du changement. Ces moult théoriciens constituent peut être une véritable force du changement s’ils convertissent leurs théories en pratique, en action sur le terrain.
Fousseni TOGOLA
Le Pays