Le général Pascal Facon, commandant de la force Barkhane, s’est félicité jeudi 9 juillet des « succès tactiques » enregistrés par les militaires français au Sahel. L’armée française s’inquiète toutefois d’un durcissement de l’ennemi djihadiste « qui n’hésite plus à recourir à des enfants-soldats ».
Le 31 juillet, le général Pascal Facon laissera sa place de commandant de la force Barkhane au général Marc Conruyt, pour un an de mandat. À quelques jours du départ, il a fait le point sur les opérations anti-djihadistes au Sahel, en visioconférence jeudi 9 juillet depuis N’Djamena, au Tchad, où se trouve le centre opérationnel de Barkhane.“
Depuis le début de 2020, l’armée française et ses partenaires africains (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) ont multiplié les offensives dans la zone des « trois frontières », près du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Le renforcement des moyens après le sommet du G5 Sahel à Pau – Barkhane compte désormais 5 100 soldats – et les opérations de harcèlement à terre et dans les airs ont permis d’obtenir des « résultats tactiques » et une « attrition des groupes armés terroristes (GAT) », selon le général Facon.
L’armée française observe cependant que « l’ennemi s’est durci et n’hésite plus à recourir à des enfants-soldats », a affirmé le commandant de l’opération Barkhane. Ces enfants « sont endoctrinés et entraînés au maniement des armes », a-t-il ajouté, expliquant que cette « réalité est liée à l’attrition des GAT et à la difficulté qu’ils ont à recruter ».
Des enfants capturés et remis au Mali
Pourquoi le général a-t-il évoqué de lui-même ce sujet des enfants-soldats, source de « préoccupation » pour l’armée française ? Les combats auraient-ils provoqué des dégâts collatéraux ? Le commandant de la force Barkhane n’a pas été plus précis sur le nombre de cas, citant seulement des « situations rares et exceptionnelles » qui « donnent naturellement lieu à une enquête ». Lorsque les enfants-soldats sont « capturés », ils sont « remis aux autorités maliennes » et « envoyés dans un centre » accueillant les enfants enrôlés.
Les Nations unies sonnent régulièrement l’alerte sur le sort « des garçons et des filles utilisés pour et par les conflits armés ». En 2017, la mission de l’ONU au Mali (Minusma) dénonçait déjà la présence d’enfants-soldats et de mineurs prisonniers au nord du Mali. Dans un rapport présenté mi-juin, la représentante spéciale du secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, a appelé à développer des programmes d’insertion. « Des efforts de prévention renforcés ont bénéficié aux enfants en 2019, relevait-elle. Ce qui a permis de libérer ou de séparer plus de 13 200 enfants des forces armées ou des groupes armés. »
Source: lacroix