Nations unies (Etats-Unis), 30 août 2018 (AFP) – Le Conseil de sécurité a prorogé jeudi d’un an le régime général de sanctions visant le Mali, se rapprochant de l’imposition de sanctions individuelles contre des responsables de groupes armés accusés de contrevenir à l’accord de paix de 2015.
Le régime général de sanctions a été prolongé à l’unanimité des 15 membres
du Conseil de sécurité.
Au Mali, “les progrès obtenus demeurent insuffisants” et “le temps des
avertissements est terminé”, a affirmé l’ambassadrice adjointe de la France à
l’ONU, Anne Gueguen. “Nous avons besoin de voir des progrès de la part de
toutes les parties”, a aussi souligné devant la presse son homologue
britannique, Jonathan Allen.
Evoquant des “responsables intermédiaires de groupes armés qui sur le
terrain nuisent volontairement à la mise en oeuvre de l’accord par leurs liens
avérés avec des activités criminelles ou terroristes”, Anne Gueguen a ajouté
que la France proposait “sans attendre leur désignation au titre du régime de
sanctions”.
La position de la Russie ou de la Chine sur des sanctions individuelles
reste incertaine. Ces deux pays avaient exprimé il y a un an des réserves lors
de la création, à l’initiative de Paris, d’un régime général de sanctions pour
le Mali.
Dans un rapport datant du 8 août, des experts de l’ONU chargés du Mali
ciblent des membres de parties signataires de l’accord de paix, notamment
Alkassoum Ag Abdoulaye, chef d’état-major de la Coalition du peuple pour
l’Azawad (CPA), accusé d’avoir participé à deux attaques contre les forces
armées maliennes en 2017 et 2018. Le document cite aussi un autre dirigeant de
la CPA, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, soupçonné aussi de contrevenir à
l’accord de paix.
Dans son rapport, le groupe d’experts recommande que le comité de sanctions
de l’ONU créé pour le Mali “envisage sans tarder, aux fins de l’application de
mesures ciblées, la désignation de personnes et d’entités se livrant ou
apportant leur appui à des activités ou politiques qui menacent la paix, la
sécurité ou la stabilité”.
Les experts pointent aussi “une répétition inquiétante de violations des
droits de l’homme des civils par des forces de sécurité lors d’opérations
contre des terroristes”. Bamako a reconnu des dérives.
Au Mali, des zones entières continuent d’échapper au contrôle des forces
maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques
meurtrières malgré l’accord de paix avec l’ex-rébellion à dominante touareg
censé isoler définitivement les jihadistes. Ces dernières années, ces attaques
se sont étendues au centre et sud du Mali ainsi qu’au Burkina Faso et Niger
voisins.
prh/AB
AFP