Appels sur l’actualité s’interroge sur la présence des casques bleus au Mali face à la menace jihadiste et aux attaques menées par ces derniers dans le pays, et sur les possibilités que lui donne son mandat.
Ces casques bleus sont-ils suffisamment armés pour répondre aux attaques des jihadistes ? Que stipule leur mandat ?
D’abord, un chiffre : au Mali, il y a environ 10 500 casques bleus de l’ONU. Est-ce qu’ils sont bien armés ? Ils ne sont pas venus ici les bras ballants. Ils sont armés : hélicoptères de combats, chars, autres armes lourdes, etc. Il y a également un dispositif de renseignement récemment renforcé. A Kidal, on trouve désormais un système de surveillance qui permet de voir ce qui rentre et ce qui sort.
Donc oui, ils ont des armes pour faire face aux jihadistes, mais ce n’est tout simplement pas leur mandat. S’ils sont attaqués, ils ont le droit de se défendre comme tout militaire. Mais, leur mandat n’est pas d’aller chercher, d’aller attaquer les jihadistes « à la fourchette à escargots », d’aller en contact avec les jihadistes. Ce rôle est dévolu aux forces françaises Barkhane, mais qui s’occupe désormais de tout le Sahel, et non plus du Mali seul comme ce fut le cas avec l’opération Serval au début en 2013.
La mission de l’ONU, qui s’appelle exactement Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), est sous le chapître VII de la charte des Nations unies. Et ce mandat précise que les casques bleus sont ici pour aider les autorités à stabiliser le pays, protéger les civils, surveiller la situation des droits de l’homme, favoriser le dialogue politique national et la réconciliation nationale, promouvoir les droits de l’homme et aider au respect du cessez-le-feu entre les belligérants
Ce mandat peut-il vraiment aider le Mali à s’en sortir ?
Ce mandat permet quand même de protéger en partie des civils. Depuis 2013 par exemple, les casques bleus de l’ONU au Mali ont organisé plus 19 000 patrouilles dans les zones les plus reculées du nord du Mali. Le général français Gomart, qui est de la mission de l’ONU au Mali, a récemment confié qu’un jour tout un village malien du septentrion s’est levé pour applaudir l’arrivée sur place d’une patrouille de la Minusma. Dans ce village, on avait plus vu depuis trois ans des militaires maliens.
Mais tant qu’il n’y aura pas un mandat plus robuste, les terroristes et également les trafiquants de drogue seront toujours présents dans le Nord, ce qui permet de dire que ce mandat n’est pas totalement adapté à la situation : sur le terrain, il y a des groupes armés qui sont dans le processus de paix et, à côté, des jihadistes qui mènent une redoutable guerre asymétrique.
Le mandat doit permettre la mise sur pied d’une troupe d’élite chargée de lutter de manière permanente contre les terroristes. Mais il y a peut-être une lueur d’espoir. Le nouveau chef de la mission de l’ONU au Mali tient un nouveau discours. « Je n’ai pas besoin d’un mandat de l’ONU pour combattre le terrorisme », a récemment déclaré Mahamat Saleh Annadif, qui se révèle être un homme d’action, de terrain, qui veut faire bouger les lignes.
Source: RFI