À proximité de la zone des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, le chef de village de Boulikessi a disparu depuis le mardi 19 mai. Depuis au moins deux ans, ce village, tristement célèbre, est le théâtre de violences commises par les groupes jihadistes, mais aussi par les militaires.
Depuis son départ pour la foire de Hombori, Hama Abdou Diallo n’est jamais rentré chez lui, explique, inquiet, son entourage. Mardi matin, le chef de village par intérim de Boulikessi quitte sa maison sur sa moto pour parcourir les 75 km qui le séparent du marché où il disparaît.
Hama Abdou Diallo était en fait à ce poste par intérim, car le chef historique du village, Amirou Boulikessi, a été enlevé le 13 mars 2019 par un groupe jihadiste, selon ses proches. À cette heure, ce dernier reste introuvable. En un an, c’est donc la deuxième fois que la localité de Boulikessi perd la trace de son chef. Cette zone située dans le cercle de Mondoro à la frontière avec le Burkina Faso est particulièrement fréquentée par des groupes jihadistes. Et la présence de l’armée malienne n’a pas enrayé la menace. Quelques mois après l’enlèvement de Amirou Boulikessi, le camp militaire de Boulikessi est attaqué par des jihadistes. Au moins 38 soldats maliens sont décédés. C’est l’un des bilans les plus meurtriers pour l’armée malienne ces dernières années.
Des violations des droits de l’homme par les militaires
Dans le même temps, par deux fois, en deux ans, des éléments du bataillon malien du G5 Sahel ont été accusés par la Minusma de violations des droits de l’homme, notamment à l’encontre de douze civils en 2018, exécutés au marché de bétail de Boulikessi. Le 14 mars 2020, certains militaires ont été responsables d’exécutions extrajudiciaires, dont seize cas dans cette même zone, selon une note de la division des droits de l’homme des Nations unies.