La mise en œuvre effective de l’accord dit de paix issu du processus d’Alger souhaité par les « enfants chouchous de Kidal » en complicité avec l’extérieur est, sans doute, un grand risque pouvant engendrer la partition du Mali. C’est du moins ce qu’on constate à travers cette analyse du Pr Issa N’Diaye qui a aussi souligné les éventuelles répercutions qui peuvent y advenir au niveau sous régional et même international. Bref, lisez plutôt !
« Il y’a quatre ans, le Mali signait sous la pression internationale, l’Accord d’Alger dans des conditions proches de l’humiliation nationale.
À l’époque, le rejet dudit accord était massif au niveau des populations. Il a fallu tordre la main au gouvernement pour lui en imposer la signature tandis que de l’autre côté, on a accédé aux modifications souhaitées par le groupe rebelle indépendantiste MLNA. Les parrains internationaux de l’accord avaient fermement dit au gouvernement malien que les termes de l’accord rédigé en dehors de son avis n’étaient pas négociables. Du jamais vu ! À l’instigation de la France, l’ONU imposa à un État membre de traiter sur un pied d’égalité avec un groupe rebelle. Pire, les états d’âme de ce groupe furent pris en compte.
Les massacres qu’il a commis à Aguelhok, Gao et ailleurs, pourtant bien documentés, ont été absous tandis que les bavures de l’armée malienne étaient montées en épingle. Des auteurs de crimes contre les populations, détenus dans les prisons maliennes ont été élargis sous la pression française et de certains échangés contre des otages occidentaux. Le gouvernement malien a avalé tant de couleuvres pour se conformer au moindre désir des puissances étrangères.
Par ailleurs, l’accord consacre la violation flagrante de la souveraineté de l’État du Mali. Dans ses dispositions principales, il met en place une politique de régionalisation et un découpage territorial qui portent gravement atteinte à l’intégrité territoriale du pays et arrache à l’État central des pouvoirs régaliens que ne saurait abandonner aucun État sérieux de par le monde.
La France elle-même n’a-t-elle pas toujours combattu et rejeté les revendications du mouvement indépendantiste corse, breton, basque, canaque et autres. Ne continue-t-elle pas d’occuper illégalement Mayotte, territoire faisant partie des Comores, en l’intégrant à son territoire national en violation des dispositions de l’ONU et de l’Union Africaine ? L’Europe, elle-même, s’oppose à l’indépendance de la Catalogne. Pourquoi diable, imposer au Mali une régionalisation que rejettent par ailleurs la France et les grandes puissances ? Pourquoi imposer un modèle fédéral non viable, n’existant nulle part et qui, à terme, conduira à l’implosion du pays ? En la circonstance, la raison démocratique du plus fort est probablement la meilleure !
Mais il est évident que l’accord d’Alger est inapplicable dans les faits. Si l’État malien failli est incapable de s’y opposer, les populations maliennes n’accepteront jamais que leur territoire soit sous la coupe d’une minorité ethnique à l’idéologie raciste, sectaire et suprématiste.
On passe volontairement sous silence le fait que la fraction indépendantiste des seigneurs de guerre du MLNA est loin de refléter l’avis de la grande majorité des Touaregs, y compris ceux de Kidal. On ne prend guère en compte aussi le fait que sur les territoires en jeu, vivent depuis toujours des populations multiethniques non touarègues, de loin plus nombreuses et qui y cohabitent des siècles durant. Le Mali est un pays de brassage ethnique qui a fondé un Etat-Nation bien avant la colonisation. L’accord d’Alger brise ce vivre-ensemble et introduit le germe de la fragmentation ethnique et d’une guerre civile généralisée aux conséquences dramatiques.
En réalité, les visées françaises et occidentales visent à terme la création d’un État saharien blanc, tout comme le défunt projet français de l’OCRS, gardien des richesses minières du Sahara et barrière ethnique sur les routes de l’immigration des populations noires du sud vers l’Europe. Ainsi, le risque de « palestinisation » des populations qui vivent dans ces espaces est patent.
L’accord d’Alger contient les germes d’une poudrière qui embrasera toute la région pour plusieurs décennies et qui risque d’emporter les États voisins complices des visées occidentales. La Mauritanie, base arrière des groupes terroristes à l’instar du Burkinade Blaise Compaoré, entrera à terme dans l’œil du cyclone. La poussée des groupes terroristes vers les pays du Sud aux confins du golfe de Guinée en donne une indication. L’agitation sociale et la déstabilisation programmée de l’Algérie donnent un avant-goût des conséquences inévitables de l’Accord dont elle s’est fait le parrain. Une faute stratégique qu’elle risque de payer lourdement.
Les Maliensdoivent cesser de se faire des illusions. Les forces politiques maliennes qui soutiennent cet accord se trompent totalement. Au contraire, il faut élaborer au plan national, une stratégie de résistance nationale contre l’Accord d’Alger, le projet de révision constitutionnelle et de découpage territorial. Une nouvelle guerre de libération est en train de s’inscrire inévitablement à l’ordre du jour pour s’opposer au projet global visant à redessiner la carte du Sahelau profit des multinationales occidentales.
Pr Issa N’DIAYE -Enseignant-chercheur
NB : Les titres et le chapeau introductif sont de notre Rédaction
Source : Le Combat