Le discours du Colonel Maïna intervient dans un climat de tensions persistantes entre le Mali et l’Algérie, aggravée depuis décembre 2023 par la convocation et le rappel des ambassadeurs de Bamako et d’Alger. Le Colonel Maïga a utilisé la tribune internationale pour rappeler la souveraineté du Mali et réaffirmer sa détermination à défendre son intégrité face aux interventions extérieures.
Dans son discours, le Colonel Maïga a d’abord souligné les excellentes relations entre le Mali et les agences des Nations Unies, en particulier dans le cadre de la coopération pour la sécurité et le développement. Il a également salué le Président algérien Abdelmadjid Tebboune pour ses déclarations de soutien aux nations sahéliennes, faites lors d’une tournée dans le sud de l’Algérie en août 2024. Il a notamment rappelé que le peuple malien avait reçu avec bienveillance les propos de Tebboune, qui affirmait que l’Algérie soutiendrait ses voisins, y compris le Mali, dans leur lutte pour la stabilité et la sécurité.
Cependant, le discours du Colonel Maïga a pris un tournant critique lorsqu’il a évoqué les récents propos tenus par deux hauts responsables algériens, qu’il accuse de saper les efforts du Mali pour restaurer la paix et l’ordre sur son territoire. La première cible de ses critiques a été le ministre algérien des Affaires étrangères, qui, le 31 juillet 2024, avait déclaré que « la crise malienne ne pouvait être résolue que par des moyens politiques », tout en insistant sur l’importance de l’Accord d’Alger. Le Colonel Maïga a qualifié cette déclaration d’« ingérence grave », rappelant que le Mali avait officiellement mis fin à l’Accord en janvier 2024, après avoir jugé que celui-ci ne servait plus les intérêts du pays. « Le Mali est souverain dans ses décisions et nul ne peut revendiquer d’aimer le Mali plus que les Maliens eux-mêmes », a-t-il martelé, en dénonçant les tentatives de certains responsables algériens de maintenir un accord que les Maliens considèrent désormais comme obsolète.
Le deuxième diplomate critiqué par le ministre malien est l’ambassadeur algérien aux Nations Unies, qui, en août 2024, avait affirmé qu’une frappe de drone dans le nord du Mali avait causé des pertes civiles, insinuant que les responsables de cette frappe opéraient sans contrôle. Le Colonel Maïga a rejeté ces accusations, les qualifiant de « diffamatoires » et affirmant que les opérateurs de drones maliens étaient « hautement qualifiés et respectaient les normes internationales ». Il a aussi rappelé que ces frappes ciblaient des groupes terroristes et non des civils et que les Forces de défense et de sécurité maliennes étaient plus que capables de gérer ces opérations sans interférence extérieure.
Le Colonel Maïga a rappelé l’importance de l’histoire commune entre les deux nations, en particulier l’aide apportée par le Mali lors de la guerre de libération algérienne, tout en soulignant que ces liens historiques ne sauraient justifier une ingérence dans les affaires internes du Mali. Il a insisté sur le fait que le Mali, en tant que nation souveraine, a le droit de déterminer son propre chemin pour assurer la stabilité et la sécurité de son territoire. « Le Mali ne restera pas les bras croisés face à toute tentative de saper sa souveraineté », a-t-il déclaré, avertissant que toute action contre le pays serait suivie de représailles.
Tout en dénonçant les déclarations de certains responsables algériens, le Colonel Maïga a réitéré sa volonté de voir les relations entre les deux pays s’améliorer, mais sous condition que l’Algérie respecte pleinement la souveraineté du Mali. « Nous appelons les responsables algériens à cesser toute ingérence dans nos affaires internes et à se concentrer sur le renforcement de la coopération fraternelle entre nos deux peuples », a-t-il affirmé.
Le Colonel Maïga a également salué les efforts du Président Tebboune pour maintenir une relation pacifique entre les deux nations, tout en critiquant l’attitude de certains de ses collaborateurs qui, selon lui, nuisent à la stabilité de la région en adoptant des positions contraires à celles du chef de l’État algérien.
MD/Sf/te/APA