Selon des informations parvenues à Jeune Afrique, le burkinabè Apollinaire Compaoré, bénéficiaire via Planor de la troisième licence téléphonique au Mali, a finalisé hier le paiement des 7,16 milliards de FCFA encore dus. Les 55 milliards demandés par l’Etat malien ont ainsi été versés et les opérations commerciales devraient commencer en 2014.
La date butoir avait déjà été repoussée du mois de juin au 13 novembre 2013. C’est en dernière limite, le 12 novembre, que Planor a finalisé le paiement des 7,157 milliards de FCFA encore dus par le groupement qu’il forme avec Monaco Télécom dans le cadre du paiement des la troisième licence téléphonique au Mali. “Une première tranche de 33 milliards de FCFA avait été versée puis plusieurs tranches pour un total d’une quinzaine de milliards, a déclaré à Jeune Afrique Mouni Kouda, conseiller spécial d’Apollinaire Compaoré (propriétaire de Planor). Avec ces 7,157 milliards, la totalité des 55 milliards dus au titre de la troisième licence est désormais sur les comptes de l’Etat.” L’information a été confirmée par une source proche du dossier, qui précise que Planor a effectivement remis aux autorités maliennes la preuve du paiement. Plusieurs banques, menées par la Banque ouest-africaine de développement, auront participé à ce financement, bouclé dans des conditions difficiles.
Contexte très compliqué
La troisième licence avait en effet été accordée une première fois en janvier 2012 à un consortium formé de Planor, Koira Telecom (propriété du malien Cessé Komé) et Monaco Télécom (partenaire technique) pour 55 milliards de FCFA (84 millions d’euros). Planor détenant 56% des parts et Koira 44%. La proposition avait largement dépassé celle des deux autres concurrents en lice : Bharti Airtel (30 millions d’euros) et Viettel (16,5 millions d’euros). Toutefois, le consortium adjudicataire avait été dans l’incapacité de règler les sommes dues, en raison d’un conflit entre Apollinaire Compaoré et Cesse Komé.
Le début de l’insurrection au nord du Mali au cours du même mois de janvier 2012, puis l’intervention armée dans le cadre de l’opération Serval un an plus tard, avait compliqué davantage encore la tâche. Apollinaire Compaoré étant le seul à s’être présenté avec des fonds (une trentaine de milliards apportés en octobre 2012), l’Etat malien a décidé de réattribuer la licence à Planor uniquement, toujours associé à son partenaire technique Monaco Télécom. Cesse Komé, sorti de l’opération, a depuis décidé de contester son exclusion et cette réattribution, entamant même mi 2013 une procédure d’arbitrage contre l’Etat du Mali.
Début mystérieux
“Malgre toutes les péripéties, je tire mon chapeau à Planor poir avoir reussi a payer 55 milliards de FCFA dans le contexte qu’a connu le Mali”, souligne un financier.
Planor et Monaco Télécom, qui devraient logiquement être désignés adjudicataire définitif de la licence dans les jours qui viennent, vont désormais pouvoir se concentrer sur le lancement des opérations. Mouni Kouda s’est refusé à donner des détails à ce sujet, soulignant le caractère très concurrentiel du marché. Les deux opérateurs actuels, Sotelma (Maroc Télécom) et Orange Mali, sont en effet sur le pied de guerre pour contrer le nouveau venu. Ils dépensent à eux deux environ 450 000 euros par mois en achat d’espaces tous médias confondus, d’après les estimations de la société sénégalaise Omedia. Orange Mali reste leader avec 61% de parts de marché à la fin du premier semestre 2013.
Planor exploite également une licence au Burkina, Telecel Faso, et est actionnaire minoritaire de MTN Côte d’Ivoire.
Source: Jeune Afrique