Il y a un mois, la vie d’Hamady Hamadou Bah a basculé alors qu’il venait, comme chaque mardi, vendre son bétail au marché, dans un village près de Mopti. Des militaires maliens l’arrêtent alors et l’accusent d’être… un djihadiste. Il est encore trop faible pour parler du cauchemar qu’il a vécu, c’est son grand frère, Modibo Bah, qui le raconte aujourd’hui :
“ll a répondu aux militaires qu’il n’était pas un djihadiste, et qu’il n’avait pas d’arme. Ils l’ont quand même emmené dans leur camp. Ils lui ont attaché les mains, les pieds, et lui ont bandé les yeux. Ils l’ont ensuite électrocuté au niveaux des mains et aussi au niveau des pieds. Pendant deux jours, il était avec eux, enfermé.”
Hamady Hamadou Bah a ensuite été hospitalisé à Ségou, puis à Bamako. Les conclusions des médecins sont les mêmes partout : il devra être amputé de tous ses orteils et de plusieurs doigts.
Depuis qu’il est arrivé chez son frère, dans la capitale, il passe ses journées prostré sur un matelas à même le sol. Il n’est de tout façon pas question de sortir et de faire parler de lui dans la rue : l’armée est un sujet sensible au Mali.
“À chaque fois que les soldats voient un Peul, ils le prennent pour un djihadiste. Nous ne sommes pas des djihadistes. Il y a des djihadistes au sein de toutes les ethnies et ils sont en brousse, avec des armes…”affirme Modibo Bah.
Arrestations arbitraires, tortures, séquestrations, disparitions… Plusieurs ONG ont recensé de nombreuses exactions, imputées à l’armée malienne, qui – sous couvert de lutte anti-terroriste – s’en prendrait essentiellement à la communauté peule.