La prédominance des mercenaires de Wagner et la tension extrême avec la junte au pouvoir au Mali ont décidé la France à suspendre son aide au développement, tout en maintenant l’aide humanitaire
La France a suspendu son aide publique au développement à destination du Mali, invoquant le recours au groupe paramilitaire russe Wagner par la junte au pouvoir, a-t-on appris jeudi auprès du quai d’Orsay. « Face à l’attitude de la junte malienne, alliée aux mercenaires russes de Wagner, nous avons suspendu notre aide publique au développement avec le Mali », a-t-on expliqué de même source.
Le Mali, qui a connu deux coups d’État en 2020 et 2021 et entretient des relations à couteaux tirés avec Paris, s’est tourné depuis un an vers la Russie. Selon les pays occidentaux, les autorités maliennes auraient recours au groupe Wagner, accusé de servir les intérêts du régime du président russe Vladimir Poutine, ainsi que de prédation économique et de violations des droits de l’Homme au Mali. Bamako dément, reconnaissant une coopération avec l’armée russe au nom d’une relation ancienne d’État à État.
Le Quai ajoute que Paris maintient néanmoins son « aide humanitaire » et quelques soutiens à « des organisations de la société civile maliennes », sans citer de noms particuliers.
Macron interpellé
Un collectif d’ONG dont CCFD Terre-Solidaire, Handicap International, Médecins du Monde et Oxfam, déplorent cette décision dans une lettre datée du 15 novembre et adressée au président français Emmanuel Macron.
« En tant que récipiendaires d’une importante partie de ces financements, notamment depuis la suspension de l’aide bilatérale directe entre les institutions publiques françaises et maliennes, les organisations de solidarité internationale que nous représentons sont très inquiètes des conséquences d’une telle décision pour la population, les organisations de la société civile malienne, ainsi que leur propre organisation », écrivent-elles.
Selon elles, 7,5 millions de Maliens ont besoin d’assistance, « soit plus de 35 % de la population ». Le Mali est en 184e position sur l’indice de développement humain, rappellent-elles.
Les organisations appellent le président à revenir sur cette décision, arguant que l’aide publique au développement de la France via ces ONG devait être « garantie en dehors de tout agenda politique ou sécuritaire, et uniquement selon les besoins des populations ».