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Mali : La Minusma abandonne le terrain à Wagner

Au Mali, les autorités de la Transition viennent de franchir un nouveau palier dans leur volonté de rupture totale avec l’Occident, particulièrement de la France et de ce que représente la présence des forces militaires censées combattre le terrorisme au Sahel. Après le départ de Barkhane, c’est autour de la Minusma de quitter le Mali d’ici la fin de l’année. Les conséquences pour le Mali et ses voisins membres du G5 Sahel seront incalculables.

Bamako a donné six mois à la Mission des Nations unies pour le Mali (Minusma) pour plier bagage. Près de 13.000 Casques bleus quitteront leurs bases au Mali en application de la résolution adoptée par le Conseil de sécurité le 30 juin dernier, deux semaines à peine après l’appel des autorités de la Transition malienne pour exiger ce départ. Mais cette rupture n’est que la conséquence, presque inéluctable, de ce qui se passe au Mali depuis trois ans : le coup d’Etat contre Ibrahima Boubacar Keita (mai 2020) et l’arrivée surprise du Groupe Wagner (fin 2021) que les Etats-Unis accusent aujourd’hui d’avoir « travaillé directement » avec Bamako pour obtenir le départ de la Minusma, et cela, dans le but de «faire avancer les intérêts de Moscou» au Mali.

Sans grande surprise, la situation au Mali est un développement attendu de la résurgence de la «guerre froide» qui oppose Washington à Moscou, y compris dans le conflit ukrainien. Vues sous cet angle, les déclarations américaines sont une manière de décrédibiliser la décision malienne, en l’imputant au groupe russe Wagner, alors que Bamako prétend agir au nom de la «souveraineté nationale.»

Si la Maison Blanche assure que le Mali a payé plus de 200 millions de dollars au groupe Wagner depuis fin 2021, elle ne donne aucun détail étayant l’influence qu’elle lui prête dans la décision de mettre un terme à la Minusma.

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Les autorités maliennes de Transition ont, en revanche, elles-mêmes mis en scène leur coordination avec la Russie : le Président de Transition, le colonel Assimi Goïta, s’est réjoui sur les réseaux sociaux d’avoir eu une conversation «directe et sincère» avec Vladimir Poutine, deux jours avant la demande malienne de départ «sans délai» de la Minusma. Et vendredi 30 juin, après le vote du Conseil de sécurité actant la fin de la Minusma, c’est le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui a annoncé à nouveau, sur les réseaux sociaux, avoir eu un entretien avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, au sujet notamment du départ de la Minusma, sans donner davantage de précisions sur le contenu de leurs échanges.

Lendemains incertains

Bamako doit cependant faire preuve d’une grande prudence, avec l’évolution de la situation en Russie même. La campagne militaire menée par Vladimir Poutine en Ukraine qu’on croyait être une « guerre punique » éclair s’installe maintenant dans sa deuxième année. La marche de Wagner sur Moscou et les troubles qu’elle sème dans les relations entre Poutine et le fondateur du groupe, l’oligarque Evgueni Prigojine, ne rassurent pas quant au soutien que la Russie peut garantir, sur le long terme, étant elle-même confrontée à des difficultés de gestion internes. La dépendance de Wagner pose problème, même si ces paramilitaires sont généralement considérés comme une «force» œuvrant dans le but d’assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie et sont fréquemment considérés comme étant de facto une branche du ministère de la Défense de la Fédération de Russie. L’armée malienne et le groupe Wagner pourraient investir les bases onusiennes, comme elles avaient récupéré celles de la force française Barkhane mais la grande question de leur présence dans le nord Mali reste posée. Le départ des Casques bleus va créer un vide sécuritaire qui pourrait profiter aux groupes djihadistes et qu’il s’agira de compenser. Les désaccords avec les mouvements «indépendantistes » touaregs qui viennent d’être exclus du nouveau gouvernement ne vont pas faciliter la tâche à Bamako et à son allié russe. Le risque d’un nouvel embrasement dans le nord Mali est donc bien réel. La fin de la Minusma peut ainsi être le prélude à la fin de l’accord de paix de 2015. Les groupes armés du Nord, signataires de l’accord s’inquiètent des intentions de la junte au pouvoir. Concrètement et sans l’exprimer aussi clairement de manière publique, ils redoutent que l’armée malienne ne s’appuie sur le groupe Wagner pour relancer les hostilités, d’autant plus facilement qu’ils ne seraient plus gênés par la présence des Casques bleus. C’est cette donne essentielle qui suscite les craintes dans tout le Sahel et oblige à repenser la stratégie sécuritaire globale en fonction des nouveaux développements géostratégiques dans la région.

Source : afrimag.net

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