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Mali : la laïcité proposée dans la nouvelle constitution en débat

Les Maliens devraient connaître dans les prochaines heures des résultats du référendum constitutionnel organisé dimanche 18 juin.

La référence à la laïcité dans le texte soumis au vote est controversée, des responsables musulmans la considérant « contraire à [leur] foi ».

La nouvelle Constitution malienne soumise, dimanche 18 juin, au vote référendaire des Maliens a nourri de nombreuses controverses et divisé les responsables musulmans de ce pays d’Afrique de l’Ouest dont l’islam est la confession religieuse dominante (95 %).

Certaines institutions islamiques comme le Haut Conseil islamique du Mali (Hcim) et la Ligue des imams et savants pour la solidarité islamique (Limama) ont souhaité que la mention « laïcité » contenue dans la nouvelle version de la loi fondamentale malienne soit remplacée par « État multiconfessionnel ». Le 6 mai, une vingtaine d’associations musulmanes s’étaient unies à ces deux institutions pour demander le retrait du mot « laïcité » de la nouvelle Constitution.

Laïcité

« La laïcité, malgré ses conséquences dévastatrices sur notre pays depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, a été maintenue et définie comme ne s’opposant pas aux croyances, s’étaient indignées ces associations maliennes dans leur déclaration du 6 mai. Une hyène reste une hyène que (ce) soit à Paris où à Bamako ». Interrogé à la télévision publique malienne le 10 juin, un responsable de la Ligue des imams et savants pour la solidarité islamique (Limama) avait estimé que « la laïcité est un terme anti-islamique. La présence d’une telle clause dans la constitution est contraire à notre foi et à la religion de la majorité de la population. »

Mali : une vingtaine d’associations s’unit contre le principe de laïcité dans la nouvelle Constitution

Dans la même veine, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants du célèbre imam Mahmoud Dicko (Cmas) avait exprimé en janvier sa circonspection quant à la nécessité d’organiser un référendum constitutionnel. « Ce n’est pas une nouvelle constitution qui peut aider le Mali à sortir de la crise multidimensionnelle qu’il connaît depuis de nombreuses années ». Certains responsables religieux maliens ont cependant milité pour le « Oui » à la nouvelle Constitution soumise au vote référendaire. Il s’agit notamment du religieux Bouye Haidara à la tête de la confrérie soufie d’obédience tijane, « hammawiyya » et du guide spirituel de la société Ansar Dine, Ousmane Madani Haidara.

Enjeux politiques de la nouvelle Constitution

Par ailleurs, la nouvelle Constitution soumise à l’appréciation des Maliens le 18 juin pose plusieurs enjeux. Elle propose notamment une amnistie pour les auteurs de coups d’État antérieurs à sa promulgation. Si elle est approuvée, elle serait donc profitable au colonel Assimi Goïta, président de la Transition malienne. Au Mali, un premier coup d’État avait arraché le pouvoir à l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta dans la nuit du 18 au 19 août 2020. Le 24 mai 2021, le président Bah Ndaw et son premier ministre Moctar Ouane qui assuraient une transition après ce putsch avaient été arrêtés. Depuis cette date, la transition –jusqu’aux prochaines élections prévues en 2024– est assurée par le colonel Assimi Goïta.

Les détracteurs des militaires putschistes estiment que la version retravaillée de la Constitution de 1992 a été taillée sur mesure pour le maintien au pouvoir des autorités de la transition.

Déroulement du scrutin

Selon les observateurs présents dans les lieux de vote dimanche 18 juin, le taux de participation était assez faible (28 %), une situation qui risque de remettre en cause la crédibilité du scrutin. « Le taux de participation va beaucoup influencer négativement le scrutin référendaire, parce que si l’on n’a pas un taux de participation fort, cela va avoir un impact sur la légitimité », a réagi Ibrahima Sangho, chef de la Mission d’observation des élections au Mali (Modele).

Dans le nord du Mali, le vote n’a pas été autorisé par les anciens rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) -signataires d’un accord de paix en 2015- qui imposent leur loi dans cette partie du Mali depuis une douzaine d’années. En outre, une partie de l’opposition malienne a appelé à boycotter le scrutin tandis qu’une autre a fait campagne pour le « non » au référendum.

Les résultats officiels de cette élection devraient être révélés dans les prochaines heures.

Lucie Sarr
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