Le samedi 23 mars, des milices de chasseurs présumés dogons sont suspectés d’avoir tué 160 personnes dans un village du centre du pays. Soupçonné d’être à l’origine de la tuerie, un groupe d’autodéfense, la milice dogon Dan na Amassagoua a été dissoute dimanche par les autorités et des chefs de l’armée ont été limogés. C’est l’attaque la plus meurtrière de l’histoire récente du Mali.
En réaction, six villageois dogons ont été tués, trois jours plus tard soit le 26 mars dans deux attaques distinctes ces derniers jours. Le village dogon de Ouadou a été attaqué par des hommes armés. Des maisons ont été incendiées, le bilan provisoire est de quatre morts. Dans un autre village du cercle de Bankass, deux femmes ont également été tuées”.
Ces tueries font suite à la légitimation de milices, essentiellement constituées sur des bases communautaires. Des milices dont les membres n’ont suivi aucune formation en rapport avec la défense des droits humains. Des milices dont les membres, tacitement autorisés à porter des armes, sont prompts à agir sur la base des émotions et de la subjectivité.
Aujourd’hui, les exactions se multiplient sur fond de rivalités communautaires.
Plusieurs facteurs se seraient conjugués pour permettre l’émergence des différends communautaires au cœur du terrorisme dont sont victimes le Mali et l’ensemble des pays de la région. Un de ces facteurs serait l’instrumentalisation des communautés par les djihadistes.
Des nombreuses voix se sont élevées pour condamner ces exactions. Pour Baba Maal, il est temps d’élever la voix pour arrêter ce drame où des communautés s’entretuent. Pour le Président Macky Sall qui condamne non seulement l’acte, le peuple sénégalais affiche son soutien total au peuple malien.
Des solutions existent mais elles tardent à être mises en application. Il s’agit d’abord de mener des enquêtes rapidement sur cette tragédie et de traduire ses auteurs en justice. La Cour Pénale Internationale peut être mise à contribution. Il s’agit ensuite de procéder au désarmement et au démantèlement de l’ensemble des milices qui sévissent dans le centre du Mali.
Rapidement, il faut envisager une meilleure représentation des forces de l’Etat dans la région, trouver un compromis, un traité de paix entre les Dogons et les Peuls et impliquer les organisations de la sous-région comme la CEDEAO dans la recherche de solutions au terrorisme. Ces solutions supposent l’implication de toutes les parties et notamment la France.
Me Fatima FALL, Saint-Louis
Source: ndarinfo