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Mali : « la décision de la CEDEAO de reconnaître Assimi Goïta crée une mauvaise jurisprudence » (Emmanuel Macron)

Lors d’une visite effectuée cette semaine au Mali, la CEDEAO s’est dite « rassurée » par les engagements pris par le président Assimi Goïta. Cependant, l’entente semble moins cordiale entre le nouveau dirigeant et la France qui avait annoncé la suspension de sa coopération militaire avec Bamako.

 

Au Mali, le rapprochement observé ces derniers jours entre le colonel Assimi Goïta et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne semble pas plaire à tout le monde. Lors d’une conférence de presse organisée le jeudi 10 juin, le président français Emmanuel Macron (photo) a donné son avis sur les récentes décisions de l’institution sous-régionale, concernant l’évolution de la crise politique malienne.

« Je pense que la décision que la CEDEAO a prise de reconnaître un putschiste militaire six mois après lui avoir refusé ce droit crée une mauvaise jurisprudence pour les Africains eux-mêmes. D’abord pour la CEDEAO elle-même et ensuite pour le précédent que cela crée chez beaucoup de voisins », a déclaré le patron de l’Elysée aux journalistes ; ajoutant : « je pense que c’est une erreur. C’est leur décision. Je la respecte ».

Cette déclaration fait référence à la relative détente des relations entre l’institution ouest-africaine et les nouveaux dirigeants maliens, à l’issue de la visite d’une mission de la CEDEAO qui s’est rendue cette semaine à Bamako.

En effet, peu après la prestation de serment du colonel Goïta en tant que nouveau chef de l’Etat, la délégation ouest-africaine conduite par l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan s’est dite « rassurée » par les engagements du nouveau chef de la Transition malienne. Celui-ci avait promis de transférer le pouvoir aux civils grâce à l’organisation d’élections en février 2022, et de mettre en place un gouvernement civil, dont le processus de formation a commencé depuis la nomination de Choguel Maïga en tant que Premier ministre.

« Sur les points clés, nous avons été rassurés par le président de la Transition et le Premier ministre », avait ainsi déclaré Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la CEDEAO et membre de la délégation.

Bien qu’il rassure les nouveaux dirigeants maliens, cet adoubement de la CEDEAO semble marquer une nette rupture avec l’attitude peu conciliante du reste de la communauté internationale envers le pays depuis quelques jours, attitude que la CEDEAO avait d’ailleurs adoptée dans un premier temps. Ainsi, malgré les promesses d’Assimi Goïta, l’Union africaine (UA) avait suspendu le Mali de ses instances, avant que les USA n’annoncent une suspension de leur aide militaire, suivis dans la foulée par la France.
D’ailleurs, Paris qui vient également d’annoncer la fin de l’opération Barkhane, (décision qui, selon l’Elysée, n’a aucun rapport avec la situation politique en cours) conditionne la reprise de sa coopération militaire par le retour des civils au pouvoir, et le respect des engagements des nouveaux dirigeants de ne pas dialoguer avec les terroristes.

« Nous demandons aux nouvelles autorités maliennes qu’elles respectent d’abord les échéances, et qu’ensuite, elles tiennent leurs engagements et des clarifications très claires. C’est-à-dire la place de tous les mouvements et partis politiques, un cadre politique inclusif, le respect des populations civiles, la mise en œuvre des accords d’Alger, la clarté dans les discussions avec les groupes terroristes et djihadistes qui sont présents dans la région et donc pas de dialogue et de compromission. […] Les choses vont dans le bon sens. Néanmoins nous avons décidé de suspendre les opérations que nous menons en partenariat avec les armées maliennes. […] Nous ne reprendrons les opérations communes qu’une fois que l’ensemble des engagements que je viens d’évoquer seront de manière effective mis en œuvre par les nouvelles autorités maliennes », a ainsi déclaré Emmanuel Macron.

Et d’ajouter : « on ne peut pas mener des opérations conjointes avec un pouvoir qui discute avec des groupes qui à côté tirent sur nos enfants ». Une déclaration qui vient confirmer les propos du chef d’Etat qui avait déclaré dans une interview accordée au Journal du dimanche (JDD) qu’il retirerait ses forces du Mali, si le pays allait dans le sens de l’islamisme radical.

Pour rappel, le colonel Goïta a déposé l’ancien président de la Transition Bah N’Daw, ainsi que le Premier ministre Moctar Ouane, après un second putsch perpétré le 24 mai. Nommé chef d’Etat par la Cour constitutionnelle, il a prêté serment le lundi 7 juin, puis a nommé Choguel Maïga un politicien issu du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques, en tant que Premier ministre, pour former un gouvernement.

Source : Agence ecofin

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