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Mali : des législatives sans enthousiasme

LEGISLATIVES 24 NOVEMBRE 2013 UNE MALIENNE VOTE

Les Maliens ont voté sans enthousiasme pour le premier tour des législatives, dimanche 24 novembre. Les observateurs annoncent une faible participation dans les bureaux de vote. Ce scrutin est censé parachever le retour à l’ordre constitutionnel après la présidentielle de juillet-août 2013.

Législatives maliennes : un symbole autant qu’une élection

Six millions et demi d’électeurs, 1 086 candidats répartis en 480 listes pour 147 sièges de députés : trois mois après la présidentielle, les Maliens sont à nouveau appelés aux urnes ce dimanche 24 novembre pour le premier tour des élections législatives au terme d’une campagne sans incident majeur. A défaut de susciter les passions ou de comporter de grands enjeux, le scrutin parachève le retour à la légalité constitutionnelle. Il symbolise la convalescence encore fragile mais aussi le chemin parcouru d’un pays il y a quelques mois encore, au bord de l’effondrement.

Le chemin et ses pierres

23.11.2013Rien à signaler, c’est peut être le message. Le contraste est saisissant entre le calme presque indifférent qui entoure les législatives maliennes et la séquence dramatique qui les précède à peine, un peu vite oubliée : coup d’État militaire suivi de la débandade d’une armée au pouvoir qui, sous le prétexte de sauver le pays le conduit au bord du gouffre. Conquête éclair du Nord – deux tiers du pays, en fait – par une improbable coalition d’indépendantistes touaregs à demi-naïfs, de trafiquants de drogue opportunistes et d’islamistes en quête de nouvelles bases autant que de guerre sainte. Intervention in extremis à la demande officielle d’un pouvoir désespéré de l’ancienne puissance coloniale évidemment animée de ses propres motifs. Reconquête du Nord en quelques semaines. Restauration d’un semblant d’État légal couronnée par l’organisation d’un scrutin qualifié alors par beaucoup d’ « impossible ». Élection finalement peu contestée d’un Président qui, s’il jouit des faveurs voyantes de ses alliés, ne peut en être qualifié de simple marionnette et paraît, au passage, avoir dompté les infatigables putschistes. Tout cela en dix-huit mois, moins de neuf depuis l’intervention française.

Ombres

On objectera – et les intrépides Cassandre ne s’en privent pas – bien des ombres au tableau. Le territoire n’est pas entièrement libéré du point de vue malien. Kidal, hier encore bourgade du Sahara ignorée de tous, est devenue à la fois symbole d’une souveraineté incomplète et un abcès dangereux comme l’a rappelé l’assassinat – fut-il inspiré par un mobile crapuleux – des journalistes de RFI. Les groupes armés n’ont pas été éradiqués. Une part des jihadistes s’est repliée à l’abri de telle ou telle frontière ; d’autres restent tapis dans le désert, voire dans des villages de la boucle du Niger, attendant l’occasion de se reformer. L’armée malienne demeurant loin du stade opérationnel, la force africaine (MISMA) étant à peu près mort-née et la MINUSMA qui lui succède sous label onusien encore balbutiante, les troupes françaises partiront comme on s’en doutait moins vite que souhaité, sauf à risquer de voir perdre le terrain repris. Leur présence un moment triomphale devient moins populaire, notamment à Bamako où l’on reproche à Paris (depuis le premier jour mais de façon aujourd’hui plus audible) ses complaisances avec les « bandits du Nord », comprendre les Touaregs du MNLA toujours ennemis malgré les accords signés cet été à Ouagadougou.

Pour réels qu’ils soient, la plupart de ces grincements étaient, si l’on peut dire, écrits dès le premier jour de la contre-offensive et ne suffisent pas à qualifier d’échec le processus en cours. Aucun militaire n’a sérieusement annoncé de l’opération Serval qu’elle réglerait en quelques mois un conflit politique mais aussi une guerre asymétrique, par nature plus complexe qu’une prise de contrôle de villes ou de territoire, ni que ses trois mille hommes – voire aujourd’hui la MINUSMA – sécuriseraient de façon pérenne chaque parcelle d’un pays grand comme trois fois la France. Souligner régulièrement qu’il subsiste ou que reviennent au nord du Mali des djihadistes s’appuyant ponctuellement sur des réseaux sympathisants relève un peu de la platitude. Que les maîtres du Nord d’hier aient perpétrés en dix mois un certain nombre de coups d’éclats bruyants ou sanglants (une dizaine de morts civils et militaires depuis le mois de septembre), des suicides un peu ridicules et même l’assassinat de nos confrères ne suffit pas à en faire des vainqueurs (fût-ce selon leurs critères) ni à valider à chaque réapparition le fameux « enlisement » français ou échec international tant annoncé.

Convalescence

Donné pour presque mort il y a moins d’un an, le Mali a depuis plutôt démenti les pronostics et survit aux événements avec un aplomb qui laisse rêveur. Qu’il ait été bien aidé en cela par des armées étrangères n’y change rien : mobiliser des alliés agissants n’est pas à la portée de tous, comme d’autres pays d’Afrique en font l’expérience. Sa position géographiquement et politiquement stratégique a certes pesé mais c’est, en somme, un actif : le monde ne peut ignorer le Mali ou se désintéresser de son sort.

Priorité de sa convalescence, la reconstruction de l’État demeure certes bien loin d’être aboutie mais enfin, le Président Ibrahim Boubacar Keita exerce bel et bien le pouvoir sur l’essentiel du territoire utile. Un pouvoir faible si l’on considère la modestie de ses moyens, une situation militaire dans le nord qui lui échappe largement et la présence étrangère déterminante, mais légale et légitime au vu de ses 75 % de voix – reconnues – de l’élection présidentielle, et délivré enfin de l’ombre embusquée du Général Sanogo, cette fois enfin poussé hors du jeu (voir ci-contre).

Quelle que soit l’issue du scrutin, le parlement sorti des urnes le 24 novembre ou au second tour ne changera pas grand chose à cette architecture. Avec ou sans majorité, IBK gouvernera. Si elles se tiennent sans heurts avec une participation raisonnable, les élections seront à la fois un échec et un succès. Échec, car le millier de candidats qui s’y présente sur 480 listes – pour l’essentiel une génération politicienne discréditée – n’annonce guère la régénérescence tant souhaitée de la classe politique malienne. Succès, car symboliquement le scrutin législatif parachève le remise en place des principales institutions constitutionnelles du pays. Évitant la guerre civile espérée par les djihadistes, la société malienne avait dans l’adversité résisté à l’éclatement. Formellement au moins, la république, cette fois, est de retour.

Source : tv5

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