Selon Human Rights Watch, des centaines de civils ont été tués dans le village de Moura lors d’une opération antiterroriste. Témoignages…
“C’était le dimanche 27 mars, c’était jour de marché à Moura. Vers dix ou onze heures, soudain, quatre hélicoptères ont survolé le village”, raconte Oumar. Ce jour-là, il est arrêté au sein de sa concession avec une quarantaine d’autres personnes. Comme tous les autres hommes de Moura, il est emmené au bord du fleuve. Le calvaire durera près de cinq jours.
“On ne bougeait pas”
“Matin, midi et soir, on est resté dans le même coin. On ne bougeait pas. Des armes étaient braquées sur nous. Ils sont venus avec des hommes blancs, je peux même dire des Russes. Car les Maliens et les blancs ne se comprenaient pas. Mais on nous surveillait 24 heures sur 24, on ne mangeait pas”, poursuit Oumar.
Les différents rescapés présents dans la salle racontent le soleil, le sable brûlant ainsi que les exécutions sommaires de présumés djihadistes dans la zone.
Ousmane se souvient de la première à laquelle il a assisté, le lundi matin, 28 mars. Ousmane explique que “un soldat qu’ils appelaient Massi a demandé à l’un de nous s’il avait envie d’aller aux toilettes. Ce dernier a répondu que non. Mais Massi a insisté et lui a ordonné d’y aller. Le jeune s’est alors levé et ils lui ont tiré dessus.”
Ouverture d’une enquête
Les récits d’exécutions sommaires en provenance de Moura abondent et l’opération antiterroriste menée par les forces maliennes fait débat. Si ce n’est celui de l’armée, qui parle de 203 terroristes neutralisés, aucun bilan précis n’a été donné par d’autres institutions.
Une mission impossible selon les ressortissants de Moura. Des corps sont retrouvés chaque jour et les fosses communes ont été incendiées.
Et bien que l’armée malienne communique qu’il s’agissait d’une opération antiterroriste de grande envergure, lancée à la suite de renseignements précis, la justice militaire a décidé de l’ouverture d’une enquête sur instruction du ministère de la Défense et des Anciens combattants, “afin de faire toute la lumière sur ces allégations”.
Source: DW