Le Mali est engagé depuis quelques mois dans des négociations avec les compagnies minières sur l’application du nouveau code minier qui augmente la participation nationale dans les mines. Les autorités cherchent aussi à récupérer un manque à gagner d’environ 1 milliard $ auprès des compagnies.
Quatre employés de Barrick Gold, compagnie qui exploite la plus grande mine d’or du Mali, Loulo-Gounkoto, seraient détenus depuis quelques jours par les autorités locales. Selon les informations relayées par Reuters, les quatre cadres de la société canadienne, tous Maliens, auraient été arrêtés pour des crimes financiers présumés.
Pour le moment, rien n’a filtré sur l’identité des employés arrêtés. Joint ce lundi par l’Agence Ecofin, le directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest de Barrick, Mahamadou Samaké, n’a pas souhaité faire de commentaires, nous renvoyant à un prochain communiqué de la compagnie.
Il faut souligner que ce nouveau développement survient dans un contexte particulier au Mali, avec les négociations en cours entre le gouvernement et les compagnies sur l’application du nouveau code minier aux mines d’or existantes. Selon un audit commandité en 2022 par le gouvernement, avant la révision du code minier, le Mali aurait enregistré un manque à gagner de 300 à 600 milliards FCFA (500 millions $ à 1 milliard $) auprès des sociétés minières.
Les autorités ont promis alors des négociations avec les compagnies pour tenter de recouvrer une partie des fonds. En septembre, un décret a ainsi été adopté en Conseil des ministres pour assurer un traitement correct des infractions commises dans le secteur minier local.
C’est dans ce contexte que Mark Bristow, PDG de Barrick, a reconnu à demi-mot des tensions avec les autorités locales, assurant que le climat économique et politique actuel a déjà poussé des sociétés d’exploration à suspendre leurs activités.
« Nous continuons à travailler de manière constructive à une résolution globale de nos différends et à trouver un terrain d’entente sur la question clé du partage des avantages économiques de nos opérations sans nuire à la viabilité future de ces précieux contributeurs à l’économie », a ajouté M. Bristow dans un communiqué du 9 juillet 2024.
Pour rappel, le complexe aurifère Loulo-Gounkoto est actuellement contrôlé à 80 % par Barrick Gold et à 20 % par l’État malien. Or, le nouveau code minier prévoit une participation maximale de 30 % pour l’État dans les mines et introduit une participation de 5 % pour les investisseurs locaux. En principe, ces nouvelles règles ne s’appliquent pas aux mines existantes, mais le gouvernement a obtenu en septembre l’application du nouveau code à un gisement satellite que s’apprête à exploiter le canadien Allied Gold à sa mine d’or Sadiola.