Le projet de règlement intérieur du Conseil national de la transition (CNT) a été adopté le 9 décembre dernier et se trouve actuellement devant la Cour constitutionnelle pour validation. D’ores et déjà, les cerveaux phosphorent quant aux prochains chantiers législatifs.  

Plus que 15 mois pour le gouvernement de transition afin d’opérationnaliser ses axes prioritaires de refondation de l’État malien.  Pour ce faire, il sera aidé du CNT, qui va  très bientôt plancher sur de grands chantiers. Il s’agit entre autres de la réforme administrative et de l’opérationnalisation des nouvelles régions, de l’adoption d’un pacte de stabilité sociale afin de prévenir de futures grèves, de la refonte du système éducatif, de l’application de l’Accord de paix de 2015 et du rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire. À côté, des préoccupations considérées comme prioritaires émergent au niveau des secteurs représentés au CNT. Pour le Mouvement démocratique et populaire (MDP), « la priorité des priorités est la signature d’un accord de défense avec la Russie pour que la tuerie des Maliens cesse et que le pays recouvre son intégrité territoriale », déclare Adama Diarra dit Ben le cerveau, membre du CNT. « Ensuite, nous aimerions qu’une commission d’enquête judiciaire soit mise en place pour que ceux qui ont pillé des milliards soient jugés, parallèlement à une réforme du secteur judiciaire. Prochainement, une autre commission d’enquête va être mise en place concernant les victimes des événements des 10, 11 et 12 juillet. Il sera question des indemnisations et du jugement des coupables des tueries. Ensuite nous apporterons notre contribution à la réforme de la loi électorale afin d’avoir des élections saines », poursuit-il.

Chez les acteurs culturels, on pense à un « retour aux fondamentaux », à « valoriser la culture tout en pensant malien » et à organiser les États généraux de la culture pour « décanter tous les maux ». « La culture est le secteur le plus important dans un pays, mais malheureusement chez nous, quand on en parle, nos décideurs ne voient que le folklore. La culture, ce n’est pas cela. C’est le savoir-être et le savoir-faire. Le travail est colossal parce qu’on parle d’un nouveau Mali. Pour ce faire, il faut prendre en compte les préoccupations socioculturelles. Soixante ans après notre indépendance, nous ne sommes pas indépendants parce que dans notre tête, culturellement, c’est le savoir-être et le savoir-faire français que nous sommes en train de développer chez nous. Il faut qu’on revienne aux fondamentaux culturels. Regardez le cinéma et le théâtre, ce sont des instruments de souveraineté. Mais ils sont financés par la France et d’autres organismes de coopération », explique Magma Gabriel Konaté, membre du CNT. « Pour que l’industrie culturelle soit viable, il faut que les décideurs en aient conscience. Le budget du ministère de la Culture, c’est zéro et quelque en pourcentage. Dans les programmes de société des politiques, vous verrez en dernière page « Nous allons promouvoir la culture et développer le sport ». La culture est une valeur marchande. Dans nos représentations diplomatiques, il faut organiser des semaines culturelles du Mali, autour de l’art culinaire, vestimentaire, de tout ce qui compte parmi nos valeurs. Là ce sont des propositions que la  commission culturelle va faire, mais il appartient aux décideurs d’en faire ce qu’ils veulent », ajoute-t-il.

Pour les hommes de médias, il  y a des réformes sur lesquelles on travaille depuis longtemps. Et, parmi les priorités, « il y a tout d’abord la relecture de la loi sur la presse. Un projet de loi a été déposé depuis longtemps, mais n’a jamais été mis à l’ordre du jour de l’Assemblée, pour la dépénalisation des délits de presse. Nous voulons également une loi sur les médias en ligne ou leur prise en compte dans la loi sur la presse en général. Il y a aussi le débat sur l’accès à l’information, alors qu’il y a un modèle-type africain de loi que nous pourrions adopter, et le problème de l’indexation de l’aide à la presse au budget national », explique l’un des deux représentants des faîtières de la presse au CNT.

Cependant, selon d’autres membres du conseil national, il est « trop tôt » pour se prononcer sur les réformes qu’ils voudraient faire passer. Ils disent attendre d’avoir les mains à la pâte.

Boubacar Diallo