Le train de la transition a démarré, avec la mise en place des organes qui vont la conduire. Publiée au Journal officiel le 1er octobre 2020, la Charte de la transition définit clairement la composition du Conseil national de la transition, qui jouera le rôle d’un organe législatif. Du côté des forces vives qui vont y siéger, l’heure est à l’attente, même si l’envoi des représentants sera soumis à un processus inclusif interne à chaque organisation.
L’article 13 de la Charte de la transition le stipule. Le Conseil national de transition est « composé de 121 membres répartis entre les Forces de défense et de sécurité, les représentants du M5-RFP, les partis et regroupements politiques, les organisations de la société civile, les centrales syndicales, les syndicats libres et autonomes, les organisations de défense des droits de l’Homme, les ordres professionnels, les Maliens établis à l’extérieur, les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, les mouvements de l’inclusivité, les groupements de femmes, de jeunes et des personnes vivant avec un handicap, les confessions religieuses, les autorités traditionnelles et coutumières, les chambres consulaires, les faîtières de la presse, des arts et de la culture ».
Le même article précise qu’un acte fixera la clé de répartition entre les composantes du Conseil national de transition et que ce dernier exercera les prérogatives définies par la Charte mais aussi par la Constitution du 25 février 1992.
Qui pour y siéger ?
La plupart des organisations censées faire partie du Conseil national de transition attendent de connaître le quota qui leur sera attribué avant de se pencher sur la désignation de leurs représentants. Le gouvernement étant désormais formé, selon des sources les plus hautes autorités de la transition s’attelleront de manière diligente à définir les modalités concrètes de la composition du Conseil et son entrée en fonction effective. « Nous voudrions avoir 30% des 121 membres. Si cela est accepté, nous allons nous organiser. Avec le nouveau ministre de tutelle, nous verrons comment procéder. Mais nous ne pouvons pas nous prononcer sur la répartition interne sans savoir le nombre qui nous est attribué », indique Mohamed Chérif Haidara, Président du Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM).
Même son de cloche chez les organisations faitières de la presse, regroupées au sein de la Maison de la presse. Le Président Dramane Aliou Koné affirme que ces organisations, en attente de leur quota dans la composition du Conseil national de transition, désigneront ceux qui sont à même de bien défendre leurs intérêts. « Nous dégagerons les critères entre les différents types de média en fonction du nombre qui nous sera octroyé », assure-t-il.
Au M5-RFP aussi les membres du Comité stratégique ne se sont pas encore spécifiquement penchés sur le sujet, à en croire l’imam Oumarou Diarra, qui en fait partie. « À ma connaissance, nous n’avons pas encore été approchés dans ce sens. Si nous devons y participer, cela se décidera au niveau du Comité stratégique, tout comme le processus qui dégagera les personnes que nous enverrons y siéger pour notre compte », confie-t-il. Nos tentatives d’approche de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) pour en savoir plus sur le processus de désignation interne de ses éventuels représentants au Conseil national de la transition n’ont pas eu de suite. Mais avec sa participation au gouvernement de transition, il semble probable qu’elle y siégera avec un quota adéquat.
Difficile mise en place
Pour Souleymane Dé, juriste et membre du comité d’experts ayant travaillé sur la Charte de la transition, le plus difficile reste à faire avec la mise en place du Conseil national de transition. À l’en croire, cela demande beaucoup d’inclusivité et vu que ce sont les forces vives qui vont y envoyer leurs représentants, il y aura un travail à deux niveaux, le premier étant d’abord que ces forces s’entendent sur qui va les représenter. « Dans le contexte actuel du Mali, cela risque d’être très compliqué, d’autant plus qu’aujourd’hui dans la majorité des groupements il y a des divisions. Il faudra donc trouver le juste milieu dans cette situation délicate pour qu’il n’y ait pas une crise de représentativité », relève celui qui estime toutefois que ce travail doit être fait dans les plus brefs délais.
Germain Kenouvi
Journal du Mali