Les autorités maliennes ont mis fin à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger signé en 2015 avec des mouvements rebelles.
Le ministre de la Réconciliation nationale, le Colonel-Major Ismael Wagué a indiqué la persistance du gouvernement dans sa volonté d’ouverture à l’endroit des rebelles. Toutefois, il a précisé que la question de l’impunité reste un sujet crucial à prendre en compte.
Lors de l’opération de l’occupation des emprises de la Mission Multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) par les forces armées maliennes, démarrée en août dernier, des affrontements meurtriers ont éclaté entre militaires et combattants de certains mouvements signataires de l’Accord, en particulier ceux issus de la rébellion de 2012. Dans la foulée, plusieurs attaques ont été perpétrées et revendiquées par ces derniers contre des casernes militaires. S’y ajoute l’attaque meurtrière contre le bateau « Tombouctou » faisant une soixantaine de victimes, majoritairement des civils, le 7 septembre dernier. Bien que les auteurs de cet acte ne l’aient pas revendiqué, certains n’excluent pas la responsabilité de ces combattants restés silencieux sur le sujet.
Pour le ministre de la réconciliation, ces événements ont engendré des conséquences importantes pour certains individus, les rendant inéligibles au processus de retour de la paix. Il a tout de même souligné la loyauté d’une grande partie des mouvements signataires envers l’État malien. A l’en croire, ces mouvements essentiellement de la Plateforme et de l’inclusivité, continuent de jouer un rôle positif dans la dynamique du processus de paix.
D’après lui, ces mouvements signataires sont désormais considérés comme des alliés de l’État dans la quête de la paix et de la stabilité du pays, indiquant que le gouvernement malien entend collaborer étroitement avec eux pour favoriser une résolution durable des conflits.
Pour autant, il a insisté sur la nécessité de traiter prioritairement les questions juridiques et judiciaires inhérentes à ces affrontements. Pour lui, les individus impliqués dans des actes de violence ou des actions illégales doivent être traduits en justice de manière équitable et transparente. Cette approche qui devrait garantir une responsabilisation des auteurs de ces actes et favoriser le respect de la paix et de la justice.
En fin novembre dernier, la justice malienne avait ouvert une enquête contre plusieurs leaders des mouvement signataires de l’Accord d’Alger pour « actes de terrorisme ». Il s’agit entre autresde Alghabass Ag Intalla, Bilal Ag Acherif, Ibrahim Ould Handa, Fahad Ag Almahmoud, Hanoune Ould Ali, Mohamed Ag Najim, Achafagui Ag Bouhada et Housseine Ould Ghoulam. Ils sont poursuivis au même titre que les terroristes Iyad Ag Ghali et Amadou Barry alias Amadou Kouffa. Les charges retenues sont : « associations de malfaiteurs, actes de terrorisme, blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, détention illégale d’armes de guerre et de munitions et complicité de ces mêmes faits ».
Ces poursuites interviennent alors que le gouvernement a annoncé, le 25 janvier dernier, le glas de l’Accord de paix de 2015 après avoir constaté « l’impossibilité de son application » le rendant ainsi caduc. Une annonce qui a été suivie par la mise en place d’un comité de pilotage chargé de préparer et d’organiser le dialogue national inter-Maliens devant prendre la place du processus d’Alger qui a abouti à la signature de l’Accord de paix de 2015.
Ce nouveau processus c’est qu’il démarre alors que la situation sécuritaire est loin d’être sous contrôle. Comme en témoigne la poursuite des attaques meurtrières généralement revendiquées par les terroristes. De plus, malgré la perte des positions qu’ils contrôlaient avant l’offensive des forces armées maliennes, les rebelles conservent encore une capacité de nuisance dans la mesure où leur commandement politique et militaire n’a pas été neutralisé.
MD/ac/APA
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