La spirale des violences ne s’arrête pas au Mali. Au moins 130 personnes ont été tuées le 23 mars à l’aube par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons près de la frontière avec le Burkina Faso.
Plus d’une centaine d’habitants d’un village peul du Mali ont été tués le 23 mars par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons, près de la frontière avec le Burkina Faso, en pleine visite du Conseil de sécurité de l’ONU dans un Sahel en proie à la menace djihadiste.
Le 23 mars à l’aube, c’est un de ces groupes de chasseurs dogons présumés qui est à l’origine d’un carnage à Ogossagou-Peul, dans la zone de Bankass, près de la frontière avec le Burkina Faso, tuant plus d’une centaine de villageois, selon des sources concordantes. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a évoqué dans le courant de la soirée un bilan dépassant les 130 morts.
«Au moins 134 civils, y compris des femmes et des enfants, auraient été tués et au moins 55 blessés», a-t-il déclaré en affirmant être «choqué et outré» par ce massacre. «Le secrétaire général condamne fermement cet acte odieux et appelle les autorités maliennes à enquêter rapidement sur cette tragédie et à traduire ses auteurs en justice», ajoute le communiqué diffusé par l’ONU. Le représentant permanent de la France auprsè des Nations unies, François Delattre, a de son côté condamné une «attaque terrible».
Selon l’association de défense des droits des populations pastorales Kisal, qui avait signalé des «exactions perpétrées contre la communauté peule par des hommes armés habillés en chasseurs dans le cercle de Bankass», les personnes tuées incluent «le chef du village et sa famille, le marabout Bara Sékou Issa et toute sa famille». Selon des témoins, les cases du village ont été incendiées.
Depuis l’apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs propres «groupes d’autodéfense».
Des violences intercommunautaires qui surviennent sur fond de recrudescence d’actes terroristes
L’attaque est survenue six jours après un attentat djihadiste à Dioura, dans la même région mais beaucoup plus au nord, contre un camp de l’armée malienne, qui a perdu 26 hommes, selon un dernier bilan de source militaire.
Dans un communiqué de revendication diffusé le 22 mars, la principale alliance djihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda justifie l’opération de Dioura par les «crimes odieux commis par les forces du gouvernement de Bamako et les milices qui le soutiennent contre nos frères peuls». Après avoir été reçus le 22 mars par le président Ibrahim Boubacar Keïta, les ambassadeurs des 15 pays siégeant au Conseil de sécurité ont rencontré le lendemain les signataires de l’accord de paix de 2015, puis le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, avec lequel ils ont évoqué la situation dans le centre du pays, selon l’ONU.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée. Les djihadistes ont été en grande partie chassés du nord du Mali ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.
Cependant, non seulement les violences djihadistes ont persisté mais elles se sont propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des conflits intercommunautaires.