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Mali-Algérie : Vous avez dit volonté vassalisation du Mali et du Sahel ?

A ses amis, comme à ses adversaires ou ennemis, il y a des moments où se dire certaines vérités devient impérieux. Mettre le pied dans le plat s’impose parfois pour avancer vers une collaboration  mutuellement  respectueuse.

Après la reprise héroïque de la zone de Kidal par l’armée malienne et ses alliés russes, la réaction courroucée du gouvernement algérien indique qu’il ne souhaitait pas cette reprise de Kidal par l’armée malienne. Et pire, qu’Alger ait été tenu à l’écart de la volonté du Mali de reprendre la ville de Kidal des mains d’hommes manipulés par des puissances étrangères  indique que le Mali soupçonne une forte porosité, voire une connivence entre cette  minorité d’Ifoghas de Kidal, prompte à prendre des armes contre l’État, avec  l’Algérie, la France, les Nations Unies (MINUSMA), l’OTAN, le Qatar… Alger offre le gîte et le couvert à Iyad Ag Galy qui se soigne dans les hôpitaux algériens. La France n’a pas fait mystère de ses duplicités quand elle empêchait l’armée malienne d’entrer dans la ville de Kidal en même temps que la force SERVAL des mercenaires français de la légion étrangère.

Le top départ des volontés concertées de puissances étrangères pour la déstabilisation du Sahel a été l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011. Son projet de monnaie africaine donnait des sueurs froides aux institutions de Bretton Woods et tous les systèmes monétaires satellites.

Dans le cas spécifique du Mali, certaines évidences sautent aux yeux tel le souhait de faire du Mali et/ou du Sahel un condominium dirigé par diverses puissances.

Alger est dans ce jeu trouble depuis les années 1980 quand ABASSI Madani et Ali BELHADJ à travers le Front Islamique du Salut (FIS) ont commencé à saper le piédestal de la nomenklatura issue du FLN. L’émiettement de ce FIS a donné naissance aux GIA et GSPC, mouvements armés que les services spéciaux et l’État ont repoussé certains éléments vers le nord Mali comme Mokhtar BELMOKHTAR, Abdelmalek DROUKDEL… Le régime de Moussa TRAORÉ était fragilisé par les troubles intérieurs et le nord était en déshérence.  Du pain béni pour Alger qui y a refoulé ses djihadistes sanguinaires.

Après la mort de Mohamed Boukherouba dit Houari Boumédiène (19 juin 1965 – 27 décembre 1978), tous les président algériens ont plus ou moins participé à ce refoulement des mauvais fils d’Algérie vers le désert malien. Les pires ont été Chadli Bendjedid (9 février 1979 – 11 janvier 1992), Liamine Zéroual (30 janvier 1994 – 27 avril 1999), Abdelaziz Bouteflika (27 avril 1999 – 2 avril 2019) et maintenant Abdelmadjid Tebboune qui vient de recevoir en grande pompe les séparatistes maliens de Kidal et l’Imam Mahmoud Dicko, ce zélateur  de l’Islam politique débridé. Dans une interview publiée le 29 décembre 2022 dans  Le Figaro que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accordée au journaliste Yves Thréard, on peut lire ceci : « … Le règlement de la situation sur place passe évidemment par l’Algérie. …. Pour ramener la paix, il faut intégrer les gens du nord du Mali dans les institutions de ce pays. Il est regrettable que la France, à un certain moment, n’ait pas voulu que l’Algérie exerce son ascendant».

 

Ainsi émergea cette volonté de créer un rapport de suzeraineté entre l’Algérie et le Mali. S’en suivirent des accords de paix pompeux entre différents gouvernements maliens et groupes armés de Kidal. Ces accords ont débouché sur le fait qu’ils donnaient l’occasion aux mouvements séparatistes de mieux s’armer et de se doter une légitimité internationale en Algérie, en Occident et dans le système des Nations Unies.

La Russie a été victime du  même scénario avec les accords de Minsk 1 et 2 parrainés par la France de François HOLLANDE et l’Allemagne d’Angela MERKEL. Ces deux derniers ont avoué que le but des accords de donner  à l’Ukraine le temps nécessaire à son réarmement contre la Russie de Poutine.

Signe que les accords internationaux ne sont pas fiables. Pour preuves, les accords de protectorat de la première période coloniale du XIXème siècle, le pacte germano-soviétique de 1939, les résolutions récentes de l’ONU constituent des exemples de l’inanité de nombreux engagements internationaux.

Les accords d’Alger de 2015 sont à sauvegarder dans le cloaque de l’histoire.

Il est révoltant de constater que les Harki, combattants d’origine algérienne qui ont combattu les indépendantistes algériens, ont été massacrés par l’armée nationale de libération algérienne après l’indépendante et, qu’aujourd’hui, cette Algérie soutient des Maliens qui ont commis des massacres au nom de l’Islam et des pays ennemis du Mali.

Les massacres de Sétif en 1945 perpétrés par l’armée française contre la population algérienne a provoqué les ralliements à la cause indépendantiste de nombreux sous-officiers et officiers français d’origine algérienne.

Les Maliens n’oublient pas les nombreux massacres depuis 2012, et avant, perpétrés par ces Maliens dont Alger se fait le mentor. Parmi ces massacres, un mérite une attention toute particulière, celui de la bataille de Kidal du 21 mai 2014. Des mercenaires ont été utilisés pour massacrer les militaires maliens. Et de nombreux spécialistes soupçonnent le crash du vol d’air Algérie AH 5017 du 24 juillet 2014 comme une tentative d’effacer les preuves humaines d’un complot macabre contre les militaires maliens. Ce dossier mérite une enquête, il sent le souffre. Les autorités burkinabè actuelles pourraient aider à l’obtention d’information à l’aéroport de Ouagadougou avant le vol Algérie AH 5017. Blaise Compaoré, le porte flingue de la françafrique parlera peut-être pour soulager son âme souillée par le sang de ses nombreuses victimes dans plusieurs pays africains.

Il saute aux yeux que  les contentieux sont multiples entre l’Algérie et le Mali. Alger aspire à régenter la vie des autres pays du Sahel, quitte à y semer le trouble à la manière des USA qui avaient aidé à installer les dictatures des plus sanguinaires en Amérique latine parce qu’ils les manipulaient à souhait.

Cette autre question-réponse de la même interview du président algérien revient à établir que la présence russe aux côtés des militaires maliens contrarie les desseins de ceux voulaient la partition du pays :

Que pensez-vous de la présence des hommes de la milice russe Wagner dans cette région ?

L’argent que coûte cette présence serait mieux placé et plus utile s’il allait dans le développement du Sahel.”

Ainsi l’Algérie de ne veut pas de troupes russes au Mali. Pourquoi ? Cette présence empêcherait certaines interférences sur le territoire malien ?

Le Malien de la rue préfère ce « Wagner » diabolisé dans les chancelleries occidentales et médias aux anges maléfiques des SERVAL, BARKHANE, TAKUBA, MINUSMA (Nations Unis), OTAN…

Entre les puissances majeures et périphériques et les autres pays les relations s’apparentent celles, brutales, amorales, de l’état de nature. Le plus puissant impose son magistère, ce qui retenait l’attention dans le propos d’Abdelmadjid Tebboune

Les Maliens doivent garder en conscience l’insuffisance des indépendances formelles des années 1960 et accepter que la vraie lutte pour l’indépendance a commencé le 18 août 2020.

La reconquête de Kidal est un symbole suffisamment auguste annonciateur de lendemains plus sereins à la condition que les jeunes colonels ne se laissent pas dévoyer par les bonimenteurs divers et variés qui sont en rang d’oignons dans les strates de la vie politique, et surtout, garder l’esprit d’homme comme John Jerry Rawlings, Modibo Keïta…

Yamadou Traoré

Analyste politique.

L’Aube

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