Ibrahim Boubacar Keïta a exhorté jeudi les populations du centre du pays à ne pas se « livrer à des actes de vengeance », alors qu’il était sur les lieux de la tuerie commise dans le village dogon de Sobane Da. Le président malien a par ailleurs promis de procéder au désarmement « immédiat » des milices.
« Il n’y a aucun conflit inter-ethnique au Mali, je le dis très clairement », a martelé le président malien, ce jeudi, alors qu’il se trouvait à Sobane Da, sur les lieux de la tuerie qui a frappé ce petit village dogon de la région de Mopti.
« Je vous demande de ne pas vous livrer à des actes de vengeance », a-t-il cependant lancé lors d’une rencontre avec les habitants, enjoignant de résister aux appels à rejoindre des groupes armés ou milices d’auto-défense. « Ne les écoutez pas et ne les suivez pas (…). N’acceptez pas de vous enrôler dans une milice quelconque. Ceux qui sont là à vous influencer (…) le paieront très bientôt devant la justice », a-t-il assuré.
IBK promet des sanctions contre les milices
Insistant par ailleurs sur le fait que « seuls les militaires doivent porter des armes », IBK a également promis que « l’État procédera immédiatement au désarmement de tous ceux qui détiennent illégalement des armes et celui qui refusera de rendre son arme sera sanctionné sévèrement par la loi ».
Parmi ces milices pointées par le président malien, Dan Na Ambassagou, un « groupe d’auto-défense » dogon qui, bien qu’officiellement dissous suite au massacre commis dans un village peul d’Ogossagou, le 23 mars dernier, continue ses activités.
Arrivé dans la matinée à bord d’un hélicoptère de la Minusma, accompagné du cardinal Jean Zerbo, archevêque de Bamako, et de plusieurs ministres, dont celui de la Défense, le général Ibrahima Dahirou Dembele, Ibrahim Boubacar Keïta s’est aussitôt dirigé vers la fosse commune où 35 corps ont été inhumés.
Un premier bilan faisait état d’au moins 95 personnes tuées dans l’attaque menée dans la soirée du 9 juin contre ce petit village habité essentiellement par des dogons catholiques. Mercredi, le gouvernement a cependant délivré un nouveau bilan, faisant cette fois état de 35 personnes tuées, dont 24 enfants.
Face aux habitants, IBK a par ailleurs promis de prendre « toutes les dispositions pour assurer la sécurité des biens et des personnes » et a notamment annoncé l’interdiction de la circulation des motos dans plusieurs localités de la zone. Une mesure déjà imposée auparavant dans d’autres secteurs du Centre.
Mercredi, alors que le gouvernement a proclamé un deuil national de trois jours, les autorités ont également annoncé le limogeage du gouverneur de la région de Mopti, le général Sidi Alassane Touré.
Recrudescence des violences dans le Centre
« Le cycle infernal de la violence qui se poursuit doit être arrêté au risque que chacun soit tenté de se faire justice lui-même », avait mis en garde Mahamat Saleh Annadif, le chef de la Minusma, lors d’une réunion du Conseil de sécurité mercredi, à laquelle participait également Tiébilé Dramé, le ministre malien des Affaires étrangères. Ce dernier avait pour sa part plaidé pour « une présence accrue » des Casques bleus dans le centre du pays, tout en insistant pour que ce redéploiement ne se fasse pas « au détriment des régions du Nord » où les opérations militaires, y compris de la force française Barkhane, se poursuivent contre les groupes jihadistes.
Les massacres commis à Sobane Da le 9 juin, à Koulogon le 1er janvier et à Ogossagou le 23 mars – environ 160 victimes – ont été les plus meurtriers, mais la fréquence de ces violences intercommunautaires ne cesse de s’accroître. En un an, les « agressions intercommunautaires » dans la région de Mopti ont fait 600 morts, selon des chiffres publiés fin mars 2019 par le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH). De 2 100 en janvier 2018, le nombre de personnes déplacées est passé à 66 000, selon l’ONU.
Source: jeuneafrique