La scène est irréaliste. À trois kilomètres du poste de l’armée malienne, à l’entrée de la ville de Douentza par la route de Gao, trois corps sans vie des civils peuls sont abandonnés au bord de la route, depuis bientôt deux semaines.
Le 2 octobre dernier, deux jours après l’attaque de Boulikéssi, qui avait fait plus de 40 morts, trois civils peuls revenaient du marché de Hombori quand des hommes armés s’identifiant à des dozos de la milice Dana Ambassagou les ont arrêtés alors qu’ils étaient dans un bus de transport en commun.
Suspectés de djihadistes alors même qu’ils n’avaient aucune arme sur eux, ces trois peuls ont été fusillés par les miliciens avant de jeter leur corps au bord de la route, à 3 km du poste de l’armée malienne à l’entrée de la ville de Douentza. Cet acte est devenu le quotidien des populations du centre du Mali, mais ce qui va pousser les populations à donner l’alerte, c’est l’abandon de ces corps sans vie en plein air alors qu’ils sont à l’entrée de la ville de Douentza.
Bientôt deux semaines après cet assassinat, « les corps sans vie de ces peuls sont toujours abandonnés en plein air comme ceux des vaches en saison sèche à quelques dizaines de mètres de la route, à la merci des vautours et aux regards indiscrets des voyages », nous confie un habitant de Douentza.
Depuis quelques jours, les mauvaises odeurs provenant de ces cadavres dérangent les habitants de Douentza. « Les militaires au poste d’entrée de la ville ont refusé d’aller enterrer les corps alors que la ville de Douentza n’a pas d’équipe de sapeur-pompier », dit le même habitant qui témoigne sous anonymat de peur pour sa sécurité. Le maire adjoint de la ville, chargé des affaires sociales, Seydou Banapo n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Le contingent togolais de la MINUSMA quant à lui n’a pas bouger de sa base pour enterrer ces victimes alors même que la MINUSMA est au Mali pour protéger la population.
NORDSUD JOURNAL