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Malcolm X sera toujours la bouche de ceux qui n’ont pas de voix

Il y a cinquante ans, un homme déterminé, fier et courageux connu sous le nom d’El Hadj Malik El Shabazz disparaissait assassiné dans des conditions qui demeurent encore aujourd’hui mystérieuses. Malcolm X ne cherchait pas simplement à faire entendre sa voix. Pour lui, comme pour les autres militants pour la lutte pour les droits civiques à l’instar du pasteur Martin Luther King, chaque petit geste se résumait en une équation très simple : la vie ou la mort. Si tu restes les bras croisés, tu meurs ; si tu luttes, tu meurs ; alors luttes et meurs !

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Ils vont engager une course contre la montre, multiplier les actions dans le but de sauver leur peau et ce faisant tenter de sauver l’âme de tout le peuple américain : Noirs et Blancs réunis. Malcolm X aurait eu 90 ans le 19 mai 2015 s’il n’avait pas été assassiné le 21 février 1965 à l’âge de 39 ans. Ces deux dates restent des jalons importants pour les membres de la famille mais également pour les activistes et, par extension, les historiens.

Un héritage colossal

Cette année encore, des commémorations ont eu lieu à l’intérieur et à l’extérieur des Etats- Unis. L’histoire personnelle de Malcolm X et la chronique de son combat pour la liberté ont laissé d’importantes empreintes sur la toile de la culture moderne. Son héritage est colossal, notamment dans les arts, dans le cinéma et surtout la musique.

De toutes les constellations artistiques, c’est la culture hip-hop qui fait la part belle au legs du leader charismatique. Le langage, les idéaux, l’allure et le phrasé d’El Hadj Malik El Shabazz ont bercé l’enfance des acteurs de la vague hip-hop partie des ghettos de la côte Est pour déferler sur le reste du monde.

De Baltimore à Bangkok en passant par Beyrouth, Malcolm X reste l’homme du peuple, la bouche de ceux qui n’ont point de bouche. Au physique, une silhouette à nulle autre similaire. A l’oreille, c’est un timbre, reconnaissable, qui donne toujours le ton. Ils sont nombreux à s’être frotté à cette voix. Ice Cube, Chuck D (de Public Enemy), Wise Intelligent, Nas, Yassin Bey (ex Mos Def) ou Kendrick Lamar ont repris à leur compte, à un moment ou à un autre, le staccato [phrasé en mode détaché] du prêcheur d’Harlem.

Influence acoustique, politique et philosophique

L’influence n’est pas seulement acoustique. Elle est aussi politique et philosophique. Malcolm X illumine le ciel de tous ces jeunes Noirs qui ont aujourd’hui l’âge de ses petits-enfants. L’autobiographie de Malcolm X est leur livre de chevet. Son enseignement est médité et ses discours sont appris par cœur, décortiqués, analysés et samplés par des générations d’artistes.

Des centaines de livres, disques, films et chansons circulent dans les salles de concert, dans les manifs comme dans les facultés. Ses six filles enfin, dont Attalah Shabazz actuellement ambassadrice en poste au Belize, maintiennent vivace la mémoire de leur père. Inventif et éclectique, festif et enragé, champion du recyclage, le hip-hop ne pouvait pas passer à côté d’une icône aussi inspirée et prophétique que l’auteur de The Ballot or the Bullet, le bulletin de vote ou la balle.

Abdourahman A. Waberi est né en 1965 dans l’actuelle République de Djibouti, il vit entre Paris et les Etats-Unis où il a enseigné les littératures francophones aux Claremont Colleges (Californie). Il est aujourd’hui professeur à George Washington University. Auteur entre autres de « Aux États-Unis d’Afrique » (JC Lattès, 2006), il vient de publier « La Divine Chanson » (Zulma, 2015).

Source: Le Monde

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