«Une femme libre est exactement le contraire d’une femme légère. Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre» disait George Orwell. La liberté consiste à choisir entre deux esclavages : le nombrilisme et la conscience. Celui qui choisit la conscience est celui qui est libre.
Lorsqu’un homme crie : «Vive la liberté !» il pense évidemment à la sienne. Mais quand la femme la hurle c’est pour tout un peuple, pour tout le peuple. Que dire ? Que décrire ? Que narrer ? Si ce n’est dire ce que Madame Mouncourt m’a susurré à l’oreille : «Il faut vivre sa vie en essayant d’en faire un modèle pour les autres» ; elle poursuit en chuchotant, «mon fils, il ne faut pas avoir la gorge sèche, nous sommes dignes d’être là, mes filles et moi sommes prêtes à trépasser pour la cause de la démocratie».
Elle me tapa sur l’épaule avec un regard idéalisé et sublimé comme pour me rappeler la fameuse phrase de Simone de Beauvoir : «Une liberté qui ne s’emploie qu’à nier la liberté doit être niée.» Elle ne savait pas qu’elle m’enfonçait encore plus dans le déshonneur, je n’avais plus la gorge déshydratée mais entièrement irritée de flétrissure pour placer un mot. J’allais oublier que j’étais un adepte de Raul Castro Ruz. Bon ? Bon sang !
J’ai fait un jet de ce que vous savez ? Bon des larmes quoi, larmes qui se sont taries aussitôt car ma coupole me rappela que la vertu la plus triste est celle de la résignation. Guidant ma tête, je voyais de très loin (pourtant l’espace ne distançait pas trois mètres) ma fille Ada, l’incontournable, l’indomptable, la plus grande animatrice du groupe «Nous soutenons Soumaïla», la fidèle, l’assidue, la sincère, la cordiale Ada Clissé «l’inventrice» des termes «les chiots d’IBK, IBK KA OULOUDENIW», qui me disait haut et fort Tonton, Tonton vas y «Ya foye !» «Grâce à vous tous, on se lave avec de l’eau minérale, on n’a pas peur et elle ajouta : nous sommes des enfants, des filles à madame Mouncourt…»
Puis lança dans ma figure, Tonton Touré, ne pleure pas, on est ensemble jusqu’à la victoire finale, je l’ai chevillée dans mes yeux et je me suis tourné vers Madame Bathily Fanta Gambie, pour lui dire : tiens bon madame ! Promptement, elle me dit : Tonton Touré, c’est le destin, notre référence c’est Dieu même, demain nous allons marcher «fo adan !».
Enfin, un autre ternissement pour moi, madame Tenin Clissé, qui, du reste, est une tante à ADA. La veille de leur arrestation, Ada me disait : Tonton ! Ténin est lourde pour marcher mais elle va marcher ! Elle veut que tu lui achètes des baskets.» J’avais rigolé et promis de m’exécuter.
Mais, après la caravane, voilà que mon amie Ténin a déjà trois nuits au premier arrondissement. Ténin, promis, tu auras tes baskets Inch’Allah ! Madame Mouncourt, Madame Bathily, Ténin Clissé l’Ivoirienne et Ada ma fille, je vous dis tout simplement que vos noms seront gravés sur les murs de l’histoire de notre pays.
Camarades Combattantes «ambé gnogon Bolo fo adan dan ! Je finis par cette phrase emblématique d’une brave femme du nom de Simone de Beauvoir : Se vouloir libre, c’est aussi vouloir les autres libres.
Ousmane Mohamed TOURE
Source: Le Reporter