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LUTTE CONTRE L’EXTRÉMISME VIOLENT

Un combat continu des Nations Unies

La crise malienne a semé d’énormes instabilités sécuritaires et économiques vis-à-vis des conditions de vie des citoyens. Un phénomène occasionnant l’agrandissement du taux chômage. L’adhésion des jeunes à des mouvements armés s’est beaucoup accentuée. L’endoctrinement des jeunes au nord et au centre du pays prend aussi de l’ampleur. Un facteur qui a farouchement cultivé la haine dans les esprits et a donné voie à l’extrémisme violent. Nous assistons à des conséquences désastreuses bloquant les avancées en matière de développement socio-économique.

Les attaques liées à l’extrémisme violent d’inspiration religieuse ont atteint des niveaux sans précédent, et leurs répercussions sont lourdes de conséquences. Dans le dernier rapport du SG de l’ONU sur la situation sécuritaire du Mali, au centre, 103 cas d’incidents de sécurité ont été enregistrés au cours des trois premiers mois de l’année 2022 (violences attribuées aux groupes extrémistes) dont 55 attaques asymétriques ont été menées contre les forces nationales et internationales et 57 liées à des engins explosifs.

Selon une étude réalisée par le Centre d’études stratégiques de l’Afrique, en 2021, ‘’l’Afrique a subi un nouveau niveau record de violence islamiste, propulsé par une augmentation de 70 % de la violence liée aux groupes islamistes militants au Sahel. Globalement, la violence liée aux groupes islamistes militants a augmenté de 10 % en 2021, atteignant un niveau record de plus 5 500 évènements attribués à ces groupes en Afrique.’’ Ce même rapport précise que deux groupes, à savoir : le front de Libération du Macina (FLM) et l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) sont responsables de la majorité des attaques. Le FLM fait partie d’une coalition de groupes avec des liens avec Al Qaeda au Maghreb Islamique connu sous le nom de Jama’at Nusrat al Islam Wam Muslimin (JNIM).

 Les vecteurs et catalyseurs de l’extrémisme violent sont nombreux, complexes, spécifiques aux différents contextes et comportent une dimension religieuse, idéologique, politique, économique et historique.                                             Pour Marco Simonetti, directeur régional Afrique de l’Ouest pour International Alert : « L’expérience ou la perception d’abus commis par les autorités gouvernementales, souvent en toute impunité, a engendré des frustrations dont profitent les extrémistes violents. Ces groupes exploitent les critiques contre la corruption étatique pour inciter les communautés à épouser un autre modèle social et politique inspiré de la charia. En réalité, le djihad mondial exerce un attrait bien moindre que la détention illégale d’un proche, les difficultés d’accès aux pâturages ou le désir de reconnaissance sociale au sein du village ».               « La pauvreté, le sous-développement et un sentiment de marginalisation et d’exclusion liés à l’absence de gouvernance, en particulier, au niveau local, sont considérés comme des moteurs de l’extrémisme violent », avait dit IRIN Benjamin Nickels, professeur adjoint au CESA, au cours d’une rencontre qui s’est tenue le 10 mai 2013 dans la capitale Sénégalaise.

Dans la même lancée, Mahamoud Abdoulaye Diallo, Directeur de l’ONG, IMADEL, soutient que le manque d’éducation, la fermeture aux innovations et même les moyens de communications, (la télévision, radio) et la pauvreté sont les causes de l’extrémisme violent.                                                                     Les mesures de lutte contre l’extrémisme violent ont été définies dans le plan d’action des Nations Unies présenté le 15 janvier 2016 par le Secrétaire général de l’ONU à l’époque. Ban Ki-Moon a ainsi adressé aux États membres plus de 70 recommandations pour leurs programmes nationaux de lutte contre l’extrémisme violent. Ces recommandations concernent notamment les initiatives en matière de politiques de développement, la bonne gouvernance, les droits de l’homme, la responsabilisation des jeunes, l’égalité des sexes et le rôle des médias sociaux.

Selon Daouda Konaté, juriste, pour faire face à la radicalisation violente, l’Etat doit se doter d’un système basé sur un arsenal juridique qui sait s’adapter aux évolutions de la société, ainsi que d’institutions et moyens qui savent à répondre efficacement à ces phénomènes de radicalisation. L’exclusion de l’expérience des jeunes et la méfiance qu’ils expriment vis-à-vis des autorités nationales et internationales devrait servir d’avertissement à tous, comme l’a souligné le Secrétaire d’État pour les affaires régionales et les affaires multilatérales globales de la Roumanie, s’exprimant en tant que Président de la Commission de consolidation de la paix dans son intervention lors du débat sur « les jeunes, la paix et la sécurité » organisé par le Conseil de sécurité des Nations unies le 23 avril 2018. Aucun État ne peut à lui seul combattre ce fléau, d’où la nécessité d’harmonisation, de synergie d’actions, et de coopération internationale. « Je suis convaincu que les jeunes occupent une position unique pour contribuer aux efforts de lutte contre l’extrémisme au sein de leurs communautés en tant que modèles, enseignants, membres de la famille, amis ou mentors ; et je ne doute pas de leur capacité à façonner positivement le monde dont ils hériteront », avait exprimé par l’ancien secrétaire général des Nations unies, Koffi Annan.

De son côté, le Directeur de l’IMADEL, préconise la négociation, « en négociation, il ne faut pas être radical. Il y a des acteurs qui peuvent conduire ce dialogue en accompagnant l’Etat. Il y a ce que nous appelons les dividendes de la paix c’est-à-dire lutter contre la pauvreté qui est cause de l’extrémisme violent », a-t-il souligné.

Pour sa part, le Pasteur Tade Diarra maintient que le seul moyen pour vaincre l’extrémisme violent, c’est l’amour. « Chaque pratiquant de religion doit connaître et respecter la dignité de l’être humain. La bible dit que Dieu a créé l’Homme à son image. Cela veut dire que l’Homme a une dignité, et sa vie a une valeur éternelle, infinie ; et cette vie doit être respectée et honorée. Il faudra que chaque religion reconnaisse et honore la dignité de l’être humain », a-t-il avancé.

Maffenin Diarra

Source: Les Échos- Mali

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