La pandémie de coronavirus continue de se propager en Afrique mais aussi au Mali. Si les médecins administrent les soins aux Malades de COVID-19, la presse pour sa part, ne cesse de multiplier les messages d’appel au respect des mesures- barrières prises par le gouvernement. A l’instar des autres entreprises, la presse malienne agonise dans ses efforts perpétuels de jouer sa part. Mais jusqu’à quand ?
Le monde est déprogrammé depuis quelques mois, peut-on dire, au regard du bouleversement et le chaos que vivent les hommes actuellement. Toutes les économies sont en berne. Et si les grandes nations, les géants industriels… gémissent, ce n’est pas les pays africains comme le Mali et encore moins ses petites entreprises qui tiendront le coup face à cette crise sanitaire.
En effet, au Mali, les premiers cas du COVID-19 ont été signalés le 25 mars 2020. Et à ce jour, le pays compte 258 cas positif, 57 personnes guéries et 14 décès.
A ce jour, si toutes les couches sociales sont impliquées dans la lutte, force est de reconnaître que le corps soignant, les hommes de média et les forces de l’ordre et de sécurités sont en pole position dans cette lutte.
Pour preuve, après l’annonce d’un premier cas positif de contamination d’un médecin, les journalistes sont le deuxième corps qui a été touché dans l’exercice de leur travail. En témoigne les cas signalés chez nos confrères de la télévision nationale ORTM. C’est dire combien malgré le risque, les médias bravent le danger pour aller chercher l’information, la traiter pour informer et surtout sensibiliser la population sur le respect strict des mesures barrières. Mais tout ceci au prix de leurs vies.
Entre temps si, le gouvernement a, dans ses efforts d’apporter une réponse à cette maladie, a pris l’initiative rencontrer les promoteurs d’hôtels, les commerçants, les miniers… pour essayer de définir les actions prioritaires à mener pour sauver ces secteurs.
Pour les forces de défenses et de sécurité et les agents de santé, une prime spéciale a été votée par le gouvernement pour leur engagement. Et dans cette panoplie de démarches, la presse semble être en marge ou laisser dans les oubliettes. En tout cas aucune rencontre officielle n’a été signalée dans le cadre d’un quelconque accompagnement de la presse par les plus hautes autorités.
Interrogé par nos soins, le président de l’Association des Editeurs de la Presse Privée (ASSEP), M. Bassidiki Touré, a fait savoir que depuis
« l’apparition des premiers cas de COVID-19 jusqu’à ce jour 21 avril, l’ASSEP n’a reçu aucun Kopek au titre des mesures d’accompagnement des journaux qui malheureusement font les frais de cette situation bouleversante ».
M. Bassidiki Touré
Cependant, rassure-t-il que les démarches sont en cours pour permettre aux plus hautes autorités du pays d’accompagner efficacement la presse écrite. Mais il convient de relever l’impact financier causé par cette maladie sur l’économie de la presse malienne sérieusement affectée et qui, dans une certaine mesure, nécessite activement pour sa survie, un accompagnement conséquent.
Toutefois le président de l’ASSEP nous a confié qu’une étude a été commanditée auprès d’un cabinet agréé, sur les estimations de pertes économiques des organes de presse. « Les résultats de cette étude nous ont fait peur », affirme-t-il. Selon cette étude, dit-il,
« si rien n’est fait pendant les 3 prochains mois pour la presse écrite, bon nombre de nos journaux pourraient mettre la clé sous la porte ».
« Nous estimons les pertes chez un seul quotidien, d’avril à juin à plus de 35 millions de FCFA, elles sont de 23 à 25 millions chez les bihebdomadaires et de 10 à 13 millions chez les hebdos. Les résultats de cette étude disent que les pertes économiques pourraient se chiffrer dans les 3 prochains mois à 3,3 milliards de FCFA pour l’ensemble des 225 journaux de Bamako et de l’intérieur du pays »,
révèle M. Bassidiki Touré, Président de l’ASSEP.
De son avis, il y a urgence d’aider la presse écrite dans cette période difficile afin qu’elle joue pleinement son rôle d’information et de sensibilisation sur cette pandémie qui vient de renverser l’ordre mondial.
Particulièrement la presse écrite semble être la plus affectée du fait que ses ressources proviennent essentiellement des contrats d’abonnement, d’assistance Media, des insertions publicitaires et communiqués ainsi la vente dans les kiosques. Généralement ce sont les structures étatiques qui traitent avec les directions de ces organes de presse.
En attendant, le président a fait savoir que le département de la communication a suggéré de recenser les besoins de la presse et les soumettre à qui de droit. C’est une bonne nouvelle. Mais jusqu’à quand les médias vont-ils espérer ?
S’il est clair qu’à ce jour, les 225 journaux membres de l’ASSEP traitent chaque jour les informations sur le COVID-19 tout en sensibilisant sur les gestes barrières édictés par les services sanitaires, il n’en demeure pas moins sur la nécessité d’un accompagnement pour ce secteur. Et le gouvernement et des partenaires du Mali doivent avoir l’œil sur le secteur de la Presse en cette période cruciale de lutte contre COVID-19 pour éviter que des rédactions ne disparaissent au lendemain du COVID-19.
Comme les autres confrères de la sous-région, tels la Côte D’Ivoire, le Togo… où un accompagnement conséquent a été fait, la presse malienne attend aussi beaucoup des autorités. Car il est évident que sans presse et sans journalistes les efforts du gouvernement pour combattre le coronavirus seront vaines ; sans communication efficace ces actes seront comme une goutte d’eau d’un un océan.
KADOASSO.I
NOUVEL HORIZON