«Nous avons les compétences, mais nous n’avons pas les moyens. Sans les moyens, nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs. Je ne dirai pas qu’il n’y a pas de volonté politique pour appuyer notre structure, mais nous sommes toujours dans l’attente de nos demandes. Je pense que ce n’est pas cette structure seulement qui est confrontée à cela», a expliqué la Colonelle-major Nema Sagara, Secrétaire Permanente de la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre. C’était vendredi 11 juillet, dans la cour de ladite structure, lors de la célébration de la Journée internationale sans armes.
Instaurée par les Nations Unies en juin 2004, cette journée sert de cadre pour la destruction des armes dans le monde entier. Au Mali, elle a été une occasion pour le Secrétariat permanent de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre d’inviter les journalistes afin qu’ils puissent véhiculer le rôle de cette structure qui constitue la cheville ouvrière de la commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre. Il est chargé de concevoir et de mettre en œuvre les orientations et les stratégies de lutte contre ce fléau, et de définir des plans d’actions opérationnels en rapport avec les autres services techniques chargés des questions de sécurité.
Pour le Colonel-major Nema Sagara, depuis longtemps, les armes font partie de notre culture. Elles constituaient un prestige pour les familles et ne présentaient pas de menace. Les fusils chez certains et les couteaux (Takouba) chez d’autres. En outre, ce sont des millions d’armes qui circulent illicitement. Le Sahel est devenu un creuset d’armes et le Mali n’échappe pas au phénomène. Mais d’après elle, depuis des années, avec les crises, la possession d’arme par les civils est devenue un phénomène courant avec la prolifération des milices et des groupes d’autodéfense. Ces armes sont venues raviver tous les anciens conflits inter et intracommunautaires.
Cependant, au niveau du Secrétariat, à défaut de détruire des armes, ils se sont attelés à lutter contre le phénomène à travers des séances de sensibilisation des communautés sur le danger des armes. Ce, afin de les inciter à se débarrasser volontairement ou à les régulariser par l’obtention de permis de port d’armes. À cela, s’ajoute l’encadrement des artisans fabricants d’armes.
À en croire Nema Sagara, le Mali dispose des meilleurs textes au monde, mais c’est leur application qui pose problème et beaucoup de pays viennent s’inspirer chez nous. Selon elle, ils ne peuvent pas dire aux fabricants d’armes de ne pas exister, mais les textes autorisent seulement les fusils de chasse et de parade.
Selon les explications données par un technicien, ils ont des partenaires avec qui ils travaillent. La destruction des armes n’est pas systématique. L’évaluation est faite après leur récupération. Dans le processus de DDR, certaines armes vont retourner dans le circuit licite et les armes qui ne doivent pas faire l’objet d’un usage particulier seront détruites. Et de 2015 à maintenant, 11 255 armes obsolètes ont été détruites. Pour la destruction, ils utilisent des méthodes par brûlage ou par découpe.
D’après la Secrétaire permanente, les chasseurs traditionnels ont leur bureau chez eux, pour dire qu’ils sont en étroite collaboration avec ceux-ci, ainsi qu’avec la société civile. Elle ajoutera également qu’à leur niveau, ils travaillent sur un projet dénommé ‘’école sans armes’’, qui sera matérialisé dans les mois à venir.
Donc, à l’occasion de cette journée, la commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères rappelle sa mission qui est d’informer et de sensibiliser, faire en sorte que le citoyen lambda soit convaincu de la dangerosité des armes. Attirer l’attention des citoyens sur la gravité, afin que les décideurs puissent mettre à leur disposition des moyens pour limiter la circulation illicite des armes.
Par ailleurs, elle a demandé aux hommes de la presse de plaider leur cause auprès des populations pour sensibiliser et auprès des autorités pour que le secrétariat ait les moyens de limiter la prolifération des armes légères.
«Notre bureau ne fait pas de répression, nous sensibilisons. Il nous faut des moyens pour notre ambition ; faire l’état des lieux dans toutes les régions ; récupérer les armes illégalement détenues par les populations civiles. Nous faisons notre mission sans les moyens et cela surprend beaucoup de pays de la sous-région. Débarrasser ces armes illicites au sein de la population est notre cheval de bataille », a-t-elle laissé entendre.
Moussa Sékou Diaby
Source : Le Tjikan