L’Alliance des journalistes maliens en faveur de la nutrition et de la sécurité alimentaire (AJMNS) a effectué le mardi 18 février 2020, une visite de terrain dans le district sanitaire de Kalanba-Coro. La mission soutenue par l’Action contre la Faim (ACF) était une occasion pour les membres de l’Alliance de s’imprégner des réalités dans la prise en charge de la malnutrition.
La visite de l’Alliance des journalistes s’inscrivait dans le cadre du projet « Prise charge d’urgence de la malnutrition aigüe sévère des enfants vulnérables dans le district sanitaire de Kalaban-Coro » sous financement de l’UNICEF pour un montant de plus 89 millions de FCFA. Sa mise en œuvre est assurée par Action contre la faim pour une durée de 6 mois.
La mission, qui avait pour objectif notamment Faire l’état des lieux de la situation de la malnutrition dans le district sanitaire de Kalaban-Coro, a démarré à l’Unité de récupération et d’éducation nutritionnelle intensive (URENI) du centre de santé et de préférence de la localité. La visite était conduite par la pédiatre, Dr Tata Daffé CISSE accompagné de certain de ses collègues.
Dans ce centre de santé, contrairement à de nombreuses structures sanitaires, deux blocs y sont construits pour la prise en charge des cas de malnutrition. Ici, en 2019, le Dr Tata Daffé CISSE a expliqué que le centre a admis au moins 415 enfants contre une prévision de 428 enfants. Et tous ces cas étaient de la malnutrition aiguë sévère avec des complications.
« Pour la même période, nous avons enregistré 97 % de cas de guérison, 0,61 % de décès et 2,12 % d’abandon. Grâce à l’appui des partenaires comme l’UNICEF, nous parvenons à assurer la prise en charge des enfants admis », a précisé la pédiatre. Toutefois, il y a quelques difficultés. Pour le pédiatre, les paquets offerts par les partenaires ne contiennent pas souvent des produits auxquels les enfants ont besoin.
« Certains restent dans notre centre de santé en pensant que tout est gratuit. Au bout de quelques jours, ils détalent. L’état de santé de l’enfant nous oblige souvent à prescrire des médicaments en plus des kits de l’UNICEF. C’est pourquoi il y a très souvent des cas d’abandon. Et ces cas d’abandon sont généralement les formes de malnutrition sans complication », a expliqué le Dr Tata Daffé CISSE. Excepté cette situation, les intrants sont disponibles et suffisants, a-t-elle rassuré.
Après cette étape, la mission s’est rendue au centre de santé de Kabala. Cette grande comme de la banlieue de Bamako reçoit également un nombre important d’enfants malnutris. Et la visite de l’Alliance a coïncidé avec le jour de la consultation et prise en charge des enfants victimes de cette maladie. Outre le traitement et la consultation, des causeries débats et de séances de démonstrations culinaires sont organisées à l’intention des femmes.
« C’est le centre de santé qui prend en charge cette activité. Elle vise à prévenir et à lutter contre la malnutrition. En formant les femmes à valoriser l’alimentation des enfants. Nous allons faire un grand pas. Mais, c’est regrettable que les conseils donnés ne soient pas respectés », a indiqué le Dr BA responsable de la structure sanitaire. Il a ajouté que les cas avec complication sont transférés au centre de santé de référence de Kalaban-Coro.
Cependant, à Koulouba, la troisième aire de santé de Kalanban-Coro visité, l’approche communautaire a gagné du terrain autour de laquelle est bâtie la stratégie de lutte contre la malnutrition. Ici, deux jours sont consacrés à la situation des enfants malnutris. Aussi, des visites à domicile sont organisées.
Au terme de la mission, le Coordinateur plaidoyer à Action contre la Faim (ACF), Djaffra TRAORE, s’est réjoui de l’initiative et de l’opportunité donnée par leur structure aux journalistes d’être en face de la réalité. Ce, a-t-il ajouté, afin qu’ils puissent mieux cerner la problématique de la lutte de la malnutrition et d’être des vecteurs de changement.
En, effet, le Mali a encore l’un des taux de malnutrition les plus élevés du continent. Les résultats de l’enquête de 2018 indiquent que la prévalence de la malnutrition aiguë est estimée à 10,0 %, et 2,0 % dans sa forme sévère par cette maladie qui touche de milliers enfants maliens. En dépit de cette situation, le budget consacré à la lutte contre la malnutrition est de 0,5 % contrairement aux engagements pris par le Premier ministre.
Par Sikou BAH
Source: info-matin