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Lutte contre la Covid-19 : à Sabalibougou-Courani, le système D

Dans le cadre d’un projet britannique, Sabalibougou-Courani, un quartier semi-village de la commune VI du district de Bamako, a été doté d’une maternité en 2006. Depuis, le site est laissé pour compte (manque d’eau potable, de ressources, médecins, clôture, matériels voire de considération de la population). Toutefois, cela n’a pas empêché le personnel sanitaire de développer des astuces pour maintenir les femmes enceintes en consultations prénatales et garantir la vaccination de routine pour les tout-petits en cette période de Covid-19. 

 

Cet article a d’abord été publié par L’Annonceur.

A Sabalibougou-Courani, en face de la première pharmacie du quartier, on observe une plaque rouillée sur laquelle est mentionné le nom de la maternité. Tout au fond, il y a un vaste terrain abritant un bâtiment neuf. Un peu devant, c’est un vieux bâtiment, la peinture défaite, toit du hangar soulevé, une mini-pharmacie avec peu de médicaments et deux salles de consultations avec de vieux matelas. Au-delà de cette apparence mal accueillante, se dressent des personnels soignants dont le dévouement a permis la poursuite des consultations prénatales et la vaccination de routine des enfants de 0 à 9 mois en ce temps de Covid-19. Mais, à quel prix ?

En service depuis plus d’une quinzaine d’années, Mme Camara Monique Sangaré, infirmière obstétricienne de la maternité, se dit plus proche de la population dont elle a la confiance. Au début de la pandémie, comme tous les hôpitaux, la maternité a été aussi déserté, personne n’y mettait pieds sauf quelques femmes en couche. « Bien que la maternité soit rattachée à l’aire de santé de Sirakoro, qui continue de nous doter en vaccins, moustiquaires… Cela n’était pas suffisant pour faire venir les patients y compris les femmes enceintes en consultation et celles ayant les tout-petits », explique Camara Monique Sangaré.

 

Historique des grandes épidémies

Alors, il fallait trouver des moyens pour sensibiliser. Elle confie avoir d’abord commencé par expliquer aux rares personnes qui se présentaient que la Covid-19 est une maladie comme les autres, qu’il fallait juste observer les règles d’hygiène imposées et penser aux conséquences des nombreuses maladies (tuberculose, fièvre jaune poliomyélite). Au-delà, elle a été désignée pour faire le relais auprès de la population, « ce qui m’a permis de rappeler aux uns et aux autres l’historique des grandes épidémies et comment on a pu les vaincre », dit-elle. Ce qui a porté fruit vu qu’au bout d’un moment, d’une à deux femmes en consultations prénatales, d’autres commençaient à se présenter. « Idem pour la vaccination des enfants ou d’une vingtaine, on est aujourd’hui à plus de 70 femmes avec leurs bambins », ajoute-t-elle.

Toutefois, il est à noter que les astuces développées par le personnel soignant pour attirer la population était aussi une nécessité. Car, dans cette maternité à l’allure communautaire, le salaire du personnel soignant dépend du travail abattu (consultations et vente des médicaments).

Des difficultés récurrentes

Ce qui n’est pas garantie parfois vu que le lieu est en manque de médecins. Il y a des infirmières et seule une sage-femme en stage. Elle souligne l’impuissance du personnel soignant de voir l’espace de la maternité se transformer en terrain de foot pour les enfants et l’unique source d’eau potable partagée avec les riverains qui disparaissent en cas de panne. Or, assène-t-elle, « cette maternité est pour tout le village, les autorités ne doivent pas nous laisser pour compte ».

Les difficultés de la maternité ne semblent cachées à personne dans le village. C’est du moins ce que l’on découvre au fil des échanges. Yacouba Keïta, l’un des notables du village, bien que n’étant pas favorable d’entrer en profondeur des zones d’ombre au sujet de la maternité, explique que la gestion est consacrée entre quelques mains et la qualité du personnel soignant. « La population doit être associée, informée des besoins de la maternité. Ainsi, à travers des rencontres, elle peut contribuer à l’amélioration du site surtout que le village regorge de personnes désirant apporter du changement à ce cadre de vie. A cela, il faut aussi des personnels qualifiés, sinon il n’y a pas de raison que la maternité soit toujours dans l’ombre des cliniques privées », a-t-il laissé entendre.

Daouda Traoré, l’un des membres de la jeunesse ayant participé aux travaux de construction de la maternité, constate : « Compte tenu de l’engouement qui animait la construction de la maternité en 2006, l’endroit devait prospérer obligatoirement. Mais, les gens voient en ce lieu une simple maternité vu qu’il n’y a pas de médecins, tandis que le quartier regorge de cliniques avec des personnels qualifiés. Bien que chères, ces cliniques ont plus de monde que la maternité censée être moins chère. Ce qui laisse penser que ce n’est une question d’argent mais de ressources humaines qualifiées », dit-il. Comme alternative, Daouda propose aux autorités communales des démarches pour transformer la maternité en Centre de santé communautaire. Toutes choses qui, selon lui, pourraient faire venir des médecins et des patients.

N’étant pas étranger à la situation de la maternité, le maire délégué de Sabalibougou Est, Lamine Koné, parle des investigations en cours au profit de la maternité. « Les textes qui régissent ne permettent pas que la mairie intervienne. Qu’à cela ne tienne, elle est entrain de fournir des efforts. Car, elle reste persuadée que le site peut être transformé en Cscom. D’où l’élaboration de nombreux projets dans ce sens mais en attente de bailleurs ». La mairie, révèle-t-il, est en pour parler avec le Centre de santé de référence de Kalabancoro pour apporter de l’amélioration sur le plan du personnel soignant.

Cela dit, la transformation de la maternité en Cscom est le souhait des notables du village, à l’image du chef du village par intérim, Cheick Hamidou Traoré, l’un des frères de l’initiateur de la maternité (feu Daouda Traoré, ancien chef).

Source : Benbere

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