Dans une récente interview qu’il a accordée à un journal étranger , le président de la République Ibrahim Boubacar Keita faisait son bilan à mi-parcours , lui qui vient de boucler ses deux ans à Koulouba . Et ce bilan , il le trouve positif ! Il est certainement le seul à en savoir les raisons ,et peut être avec quelques proches pour des raisons que l’on sait . Avec de telles déclarations ,on ne peut s’empêcher de se demander si le chef de l’État vit sur la même planète que ses compatriotes . A l’entendre faire son auto-appréciation ,on dirait qu’il est tout fier de l’état actuel du pays , un pays quelque part bloqué avec l’impossibilité d’organiser les élections communales et régionales. Il y a aussi l’accord de paix dont l’application semble avoir de sérieux problèmes à démarrer véritablement . Bilan positif , IBK , devrait se gêner de le dire à haute voix si toutefois il se souvient encore des promesses qu’il avait à maintes reprises faites aux maliens .N’est ce pas lui qui disait d’ailleurs que les maliens n’avaient pas de salaires , évoquant ainsi le caractère dérisoire de ce que perçoivent par mois ces derniers . Aux dires d’ IBK , son avènement à la magistrature suprême annonçait la fin d’un certain nombre de mauvaises pratiques, notamment la corruption et le népotisme .Mais après plus d’un an de gestion des affaires publiques , le chef de l’État donne l’impression qu’il n’est pas de ceux-là pour qui la parole donnée a une valeur quelconque . Ou alors , serait-il un demiurge à qui il suffit de dire : « la fin de la corruption ! », pour que sonne immédiatement la fin du fléau ? En tout cas , pour l’instant ,IBK ne semble pas animé de la moindre volonté de poser le moindre acte concret pour améliorer un tant si peu , la gestion des affaires publiques .Et pendant que les maliens cherchent à savoir les raisons de l’incapacité du chef de l’ État d’ entreprendre quoique ce soit pour affronter la corruption , celui-ci « invente » une solution peu originale pour distraire le peuple .
La « nouvelle trouvaille » d’ IBK
En matière de lutte contre la corruption , on peut tout reprocher au Mali ,sauf de manquer de structures créées à cet effet . La Cour Suprême , la CASCA, le Bureau du Vérificateur Général n’ont quand même pas été créés pour rien ! Peut -on dire que ces structures n’ont pas été à la hauteur des missions qui leur sont assignées ? Rien ne permet de répondre à cette question par un « oui » , dans la mesure où elles ont régulièrement produit des rapports ,des rapports loin d’être de simples formalités , puis qu’épinglant des services et structures pour des cas de mauvaise gestion qui ont quelques fois coûté à l’État des pertes dépassant la centaine de milliards de F CFA. Mais malheureusement, c’est par le bon vouloir des autorités politiques que ces dossiers scandaleux restent au fond des tiroirs . Pourtant ces structures coûtent de l’argent au contribuable ! On aurait pu tirer le meilleur profit d’elles en faisant un bon usage des rapports produits . C’est justement à ce niveau qu’on peut parler de blocage dans la lutte contre la corruption au Mali . Aurait -on déjà atteint le niveau d’une mafia si puissante que les autorités peuvent avoir peur de s’y attaquer ? Ou alors, comme le disait, il y a plusieurs années de cela un intellectuel avisé , le système démocratique malien reposerait-il sur la corruption si bien qu’en tentant de la combattre , on risque d’être soi même emporté par la vague ? L’hypothèse n’est pas forcement à exclure .Sinon comment expliquer l’impunité qui reste ambiante sous tous les régimes qui se sont succédé depuis l’avènement de la démocratie? Dans ce contexte , à quoi servirait une nouvelle structure de contrôle et de lutte contre la corruption ? Un Office Central de Lutte et de Répression contre l’Enrichissement Illicite , ce n’est ni plus ni moins qu’une structure de plus qui coûterait encore plus d’argent pour les mêmes résultats, disons , pour aucun résultat tangible . Une telle manœuvre ne ressemble qu’à une tentative de divertir les maliens , les maliens dont même les plus naïfs savent sans doute l’origine de la « puissance » de ces « privilégiés » qui , avec leurs somptueuses villas et voitures narguent au quotidien leurs pauvres compatriotes qu’ils ne peuvent désormais regarder que d’en haut . Si Ibrahim Bouacar Keita veut qu’on lui accorde le moindre crédit dans ce domaine , il doit trouver mieux en agissant de manière concrète . Toute autre approche équivaudrait à un aveux d’impuissance .Une nouvelle structure , quelque soit sa dénomination ne saurait impressionner les compatriotes du locataire de Koulouba , pardon de la résidence de Sébenincoro. De même, elle ne saurait constituer une quelconque panacée contre la corruption , un fléau qui continue de plus belle de ronger le pays .
S T F
source : La Sirène